VUNDA VA RUNTEEM

Bak varaf afizcek, moe bira al sukayar. Nume leve lukoptaf kelt bira tulukoptaweyer. Bak varaf afizcek, runta se va piluda is kiria soltiolteson va bixe is rapor al ruzadeyed.

Vexe leve bixe ware tiyir bixe. Ise kadime rapor ware tiyir rapor. Aze cenheyena is legafa bira ba afiz al ilayar. Noelkeon, vumeltafa, leve bitejeem jebeyer. Kene uvenda, antafa konaka tcastafa runta se askiyid da drak kamamayar, giopon pokoleson va zomera va tael.

Taaroa, tel gijik, va ploziskafa is liziweriskafa gasitafa bira dum oprelegapa al reduyur. Ise, bira, argaweyer. Mezekasa is nhebanafa coba me tir itupafa. In gorayar da koyar ise va intafa jowa kaikar. Nume zijnon zijnapon toz tidayar nume va kotafa tamava di modivatceyer.

In grupeyer da batcoba zo pouyur. Va tamavamiala rokayar voxe ara miala  va raporeem is aaleem is ayikeem pasuyur. Acum va tel lodorikaf is lodebeltaf miel se kiblayar. Va se krant is mevta is ayaxe melorason koartokayar.

Vexe va lorik se me godivmodayar. Acum va alkaxo is wetaxo, va zokaxo, obrason iloayar. Vokoayar nume va ewala askiyir. Kore ayikeem dwiyir, lorikeem afanayar.

Voxe bira va intaf ind abicabicon tulogijayar. Arai, ranhesi moe kesi tide intafa wida, va mielmielon vanasa bira wiyir. Lorikeem nuvelayar da kenibeyer, ise in grupeyer da ayabli boreon mea di tiyir. Batdume ve gorayar da va bira di azavzayar.

Al disver da bira va koto zokaxo lavion obrason taruteyer. Mielon konviele, ko telo lopokefo alkaxo ve laniyir. Grupeyer da zoxaksason bliarpumayar vexe va bira djumazavzayar. Va rapor sol muxelk ve nariyir voxe bat rapor nuvelayar da va inaf gelteem anteyayar. Ko anton inton grupena arula vaon ve preyutayar aze ve keyer. Va radimif miel ve keyer.

Ba siel va bat rapor ve aneyayar aze va bira ve vanlaniyir. Azon, kake aalulim va int mastuson, ko bixe va rapor ve kosuxedayar. Bira boreon toz tidayar, loriskon vanayar, ta da va kenibes ayikeem akoyer. Tidayar tidapayar voxe va ikse me ve wiyir. Va baerdaf rapor tanvordon ve modivatceyer. Ixam tiyir gaversafa. Lorik, walzeyen, kan selekara azavzasa va bira va intafa sizuntasa dratcera ve askiyir.

LA LÉGENDE DES VAGUES

Tout le jour, le vent avait soufflé sur la mer. Et la mer s’était faite grise sous le ciel gris. Toute la journée, les vagues s’étaient lancées à l’assaut de la plage et de la falaise, arrachant sables et pierres.

Mais sous le sable, il y avait encore du sable. Et derrière la pierre, il y avait encore de la pierre. Et la mer vaincue, lasse, s’était retirée avec le jour. Maintenant, calme, elle brillait sous les étoiles. Seules, le long du récif, quelques vagues folles faisaient résonner le corail, dans le vain espoir d’atteindre la lune.

Taaora, le grand, avait créé la mer lisse, comme un immense bloc de glace, sans rides, sans mouvements. Et elle s’ennuyait, la mer. Ce n’est pas gai d’être une chose inanimée, figée. Elle résolut de voyager, de dépasser ses frontières. Et elle se mit à monter doucement, doucement, pour recouvrir le monde entier.

Elle savait que cela lui était défendu. Elle avait droit à la moitié du monde, l’autre moitié appartenait aux pierres, aux arbres, aux hommes. Aussi choisissait-elle les nuits les plus sombres, les plus noires. Et elle engloutissait sans bruit les vallées et les montagnes, avec les maisons des hommes.

Mais il ne fallait pas donner l’éveil aux dieux. Elle s’écartait donc soigneusement des lieux du culte et de sacrifices, ces lieux tabou. Elle passait de chaque côté et faisait une île. Les hommes avaient beau s’inquiéter, les dieux les ignoraient.

Et la mer, peu à peu, agrandissait son domaine. Arai, debout sur la colline qui surplombait son village, voyait la mer s’approcher, nuit après nuit. Les dieux semblaient dormir, et il savait que bientôt il n’y aurait plus de vie humaine. Aussi avait-il décidé d’arrêter la mer.

Il avait observé que la mer semblait éviter soigneusement les lieux tabou. Une nuit, il alla dans le plus proche lieu de culte. Il savait qu’en violant le tabou, il risquait sa vie, mais il voulait arrêter la mer. Il prit une pierre de l’autel, et il lui sembla que la pierre lui brûlait les doigts. Il alla la cacher dans une grotte connue de lui seul et attendit. Il attendit la prochaine nuit.

Quand le soir arriva, il alla chercher cette pierre et s’avança vers la mer. Puis, dissimulé derrière un tronc d’arbre, il enfouit la pierre dans le sable. La mer bientôt se mit à monter, à avancer sans bruit, pour surprendre les hommes dans leur sommeil. Elle monta, monta, et ne vit pas le piège. D’un coup, elle recouvrit la pierre sacrée. Déjà il était trop tard. Le dieu, averti, fit éclater sa menace dans un coup de tonnerre qui arrêta la mer.