Syntaxe elkanne

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La syntaxe de l’Elko est relativement rigide. Cela s'explique par le fait que l'Elko ne compte que quatre suffixes pour plus d'une trentaine de fonctions. La position du mot dans la phrase permettra de définir le sens de son affixe.


constituée de quatre éléments fondamentaux appellés constitutants. Etant donné que les affixes prennent des sens différents suivant leest rigide


La notation syntaxique

Avant de nous lancer dans le vif du sujet, penchons nous sur la notation syntaxique employée en Elko, elle est souvent utilisée dans les méthodes d’apprentissage, exercices et démonstrations.

notation syntaxique
symbole valeur
/ Séparation entre les mots
// Signe de ponctuation. Se place aussi en début de phrase
- Rattache un concept
+ Rattache un élément grammatical
concept concept
ADJ élément grammatical
() Elément facultatif
[] pronciation


La boîte de Hockett

235. LA BOITE DE HOCKETT

La boîte de Hockett est une représentation de la structure syntaxique de la phrase, en constituants immédiats. Elle fut présentée par le linguiste du même nom dans A Course in Modern Linguistics (1958). Il est bien évident que la boîte de Hockett n’a pas été conçue pour servir la syntaxe elkanne. C’est pourquoi je vous présente ci-dessous une adaptation pour représenter les spécificités de la structure syntaxique elkanne.


DESCRIPTION DE LA BOITE DE HOCKETT

Bien que la boîte de Hockett apparaît comme extrêmement simple d’un point de vu schématique, elle nécessite néanmoins quelques explications. Elle transcrit bien cependant l’aspect régulier de la langue.


Phrase
Sujet Verbe Complément Circonstant
a e i o a e i o a e i o a e i o


Au second niveau on retrouve ce que l’on appelle les constituants. Ce sont des morceaux de phrase ou syntagmes. Il en existe quatre : sujet, verbe et complément, circonstant. Chaque constituant doit impérativement garder sa place même si celle-ci est différente du français. Ils sont ici représentés entre crochets. Notez bien qu’ils peuvent contenir plusieurs mots.

Au troisième et au dernier niveau se trouve donc l’intégralité des morphèmes de la langue elkanne. Ils sont représentés chacun par une voyelle qui n’est autre que leur suffixe. La place qu’ils ont dans le tableau est celle qu’ils auront dans la phrase. Il paraît bien évident que tous les morphèmes ne seront pas forcément utilisés en même temps. La boîte de Hockett est juste une représentation générale.



236. LES CONSTITUANTS IMMEDIATS



237. LE SUJET

On désigne sous le nom de sujet le constituant qui a pour rôle de nous renseigner sur l’identité de celui qui provoque l’action dans la phrase. Ainsi dans la phrase le chien mange un os dans le jardin. Le syntagme « le chien » joue le rôle de constituant sujet (S). Vous remarquez alors qu’un constituant peut contenir plusieurs mots. Certaines phrases peuvent posséder plusieurs sujets, liés les uns aux autres par une conjonction. Ainsi dans la phase suivante le constituant sujet est : Oket to Aketa

Oket to Aketa sabaki Eden bene Adam et Eve marchent dans le jardin d’Eden

                                      S                                                                        S


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238. LE VERBE

On désigne sous le nom de verbe le constituant qui a pour rôle de nous renseigner sur l’action qu’exerce le sujet de la phrase. Ainsi dans la phrase le chien mange un os dans le jardin. Le syntagme « mange » joue le rôle de constituant verbal (V).

Kereko wami babo bene Le chien mange un os dans le jardin

                                                                          V                                                      V

En linguistique, on a coutume de distinguer la forme active de la forme passive des verbes. Cette distinction ne se fait en Elko qu’au moyen d’un suffixe : -i pour la forme active et -a pour la forme passive.

Teteko wami kumeko Le chat mange la souris

                                                                      actif

Kumeko wama teteke La souris est mangée par le chat

                                                                 passif

239. LE COMPLEMENT

On désigne sous le nom de complément le constituant qui a pour rôle de nous renseigner sur la nature ou l’identité de celui ou de ce qui est provoque par l’action du sujet dans la phrase. Ainsi dans la phrase le chien mange son os dans le jardin. Le syntagme « son os » joue le rôle de constituant complémentaire (Co).

Kereko wami babo bene Le chien mange un os dans le jardin

                                                                                     Co                                                    Co

En linguistique, on a coutume de distinguer le complément d’objet direct (COD) du complément d’objet indirect (COI). Les COI se distinguent des COD par l’utilisation d’une préposition. Cette distinction COD / COI ne se fait en Elko qu’au moyen d’un suffixe : -o pour les COD (nominatif) et -i pour les COI (datif).

Kereko wami babo Le chien mange un os

                                                                                                        COD                                     COD 


                                                                                                 COI                                  COI



240. LE COMPLEMENT D’OBJET DIRECT

Le complément d’objet direct ou COD est un complément que l’on trouve immédiatement après le verbe, il n’est pas séparé de ce dernier par une préposition comme c’est le cas pour le COI.

Kereko wami babo Le chien mange un os

                                                                                                        COD                                     COD



241. LE COMPLEMENT D’OBJET INDIRECT



                                                                                                        COI                                  COI

242. LE COMPLEMENT D’OBJET SECOND

Le complément d’objet second ou COS est formé du cumul d’un complément d’objet direct (COD) et d’un complément d’objet indirect (COI). Le complément d’objet direct (COD) porte alors le nom de complément d’objet second (COS).

                                                                                                        COI                       COD        COS
 Remarque : Dans cette configuration, le complément d’objet direct (COD) sera au nominatif et le complément d’objet indirect/second (COI/S) sera au datif, il n’y a pas de changement.


243. LE COMPLEMENT D’OBJET INTERNE

Sous le nom barbare de complément d’objet interne se cache en fait un phénomène très simple de redondance verbe / complément. En Elko on fusionne les deux en un verbe et le tour est joué ! On utilise également le suffixe cumulé –oi, comme dans les deux exemples ci-dessous :

dyno vie  dynoi vivre sa vie



244. LE COMPLEMENT D’AGENT

Le complément d’agent c’est le sujet placé après le verbe. En Elko cette configuration est assez rare, puisque la syntaxe est beaucoup plus rigide qu’en français. Le sujet sera bien plus souvent en première position.

Owen lambai kereko Jean regarde le chien

Kereko lamba Owene Le chien est regardé par Jean


245. LE COMPLEMENT CIRCONSTANCIEL


Owen lili pele Jean joue dans la maison


Owen lili wete pelo Jean joue dans la maison


246. LE CIRCONSTANT

On désigne sous le nom de circonstant le constituant qui a pour rôle de nous apporter des informations supplémentaires et accessoires, sur le contexte de l’action. Ainsi dans la phrase le chien mange son os dans le jardin. Le syntagme « dans le jardin » joue le rôle de constituant circonstanciel (Ci). Etant toujours introduit par une préposition le circonstant prend naturellement le suffixe prépositionnel « -e ».

Kereko wami babo bene Le chien mange un os dans le jardin

                                                                                                  Ci                                                             Ci


247. LA PHRASE SIMPLE

En Elko une phrase est considérée comme simple lorsqu’elle ne se compose que des quatre constituants décris précédemment. Elle peut alors contenir au minimum deux constituants et au maximum quatre. Ainsi aucune phrase ou énoncé ne peut se composer que d’un seul mot, lorsque c’est le cas on a recours au vocatif. De la même manière, la phrase simple ne peut contenir au maximum que quatre éléments. Par conséquent une phrase peut contenir deux, trois, voir quatre constituants. Elle sera alors délimité par des signes de ponctuation, permettant de séparer les phrases entre elle

Owen to Amara wami komgano amle Jean et Marie mangent des spaghettis au restaurant

                                  S               V           Co        Ci


248. LA PHRASE COMPLEXE


Er wasi mano, ho Ekkulo L’homme dont je te parle est vétérinaire

    (litt. Je te parle d’un homme, il est vétérinaire)


249. LES CONSTITUANTS DOUBLES

Certaines phrases possèdent plusieurs constituants de même nature. On parle alors de constituants doubles. Dans la plupart des cas on relie ces deux constituants par une conjonction de coordination :

Owen to Amara wami amle Jean et Marie mangent au restaurant



Er rossau lambai li j’ai envie de te voir



Ogal lara Oluk tewe, mute alta  Gaël a rencontré Luc en ville, aux alentours de huit heures


 Remarque : Le cumul d’un circonstant de lieu et d’un circonstant de temps est considéré comme étant un seul élément que l’on appelle : constituant spatio-temporel, c’est pourquoi la virgule n’est pas systématique.


250. LES SUBORDONNEES RELATIVES


Er lambai kala loro Je regarde une fleur qui est belle  Je regarde une belle fleur

Er rosi, li waki Je veux que tu viennes  // moi / vouloir / toi / venir //


Ou au moyen de la reprise anaphorique :

Le livre que j’adore est sur la table  Bassai tabo, ho ladore  Le livre est sur la table, je l’adore



251. LES SUBORDONNEES CONJONCTIVES



Kowi ri dewe el waki dis-moi quand tu pars

Soit en séparant les deux propositions par une virgule, et en transformant la conjonction de subordination en adverbe interrogatif. Kowi ri, el waki dewe ? dis-moi quand tu pars


252. LES PHRASES IMBRIQUEES

On dit de deux phrases qu’elles sont imbriquées lorsqu’elles sont incluses l’une dans l’autre. Lorsque ce genre de cas se présente on sépare les deux phrases par une virgule en les reconstituant comme le souhaite la syntaxe elkanne :

Le livre, celui dont la couverture est verte, est posé sur la table


Cette phrase se segmente alors en deux éléments séparés par une virgule. Dans la première partie que l’on appelle principale : on place les éléments généraux et principaux. Dans la seconde appelée subordonnée est placée le reste des informations. Le livre est posé sur la table, il est de couleur verte.

              principale                       subordonnée

Évitez cette tournure : Le livre qui est de couleur verte est posé sur la table

253. LA TRADUCTION DU « CE QUE »

La locution est très pratique et très utilisée, c’est pourquoi il était normal de lui consacrer un paragraphe. Pour la traduire on a deux solutions soit on manipule la phrase pour la rendre interrogative et en utilisant la particule interrogative « e ». Er rosu teki, ol lambai e ? Je veux savoir ce que tu regardes.


Soit on utilise la particule ko que l’on place au même endroit quen français. Cette seconde solution est la plus courante et permet de préserver le type de phrase auquel on a affaire.

Er rosu teki ko ol lambai Je veux savoir ce que tu regardes.


254. LA DIFFERENCIATION NOM / VERBE


Er lartymi je prends rendez-vous

Er lartymo j’ai rendez-vous

255. LA DIFFERENCIATION ADJECTIF / ADVERBE

Les adjectifs qualifient un nom tandis que les adverbes qualifient un verbe. Retenez cette forme en toutes circonstances, elle vous sera bien utile.

256. LA DIFFERENCIATION ADJECTIF / VERBE



257. LA REPRISE ANAPHORIQUE

On appelle reprise anaphorique ou plus simplement reprise, toute réutilisation d’un mot ou d’un groupe de mots au sein d’un même texte. Cette reprise anaphorique se fait au moyen d’un « h » suivit de la voyelle isolée représentant l’affixe du mot repris. Cela marche avec tous les affixes :

Il mange une pomme Eg wami tekono  Il en mange une Eg wami ho



Er lambai teteko, ho kinnia Le chat que je vois est blanc

Er labi tabo, ho dina Le livre dont je te parle est vieux

Er radaki kewe, ho teaka Le pays où je vais est inconnu




 Remarque : Toutefois prenez bien garde  ce qu’aucun mot ne se finisse par la même voyelle entre la reprise et le mot que vous souhaitez reprendre, car dans ce cas, c’est le mot le plus proche de la reprise qui est concerné.


258. LA REPRISE ANAPHORIQUE EXPLICITE OU ENONCIATIVE


Ne tiani ho ! Ne la fermes pas !



Or kowi ka tabo li Je te parle de ce livre  Or kowi ho li Je t’en parle


 Remarque : N’oubliez pas que le pronom étant au datif se trouve propulsé en fin de phrase puisqu’il appartient au circonstant.


259. LA REPRISE CUMULEE

On appelle reprise cumulée, toute agglutination de deux suffixes. Pour des raisons euphoniques la reprise cumulée commence souvent par un « h ». La reprise anaphorique est surtout utilisée pour éviter de ne répéter non pas le même mot (reprise anaphorique classique) mais la même racine (représenté par le « h »).

Ka kowo kowa cette langue est parlée Ka kowo hoa cette langue est parlée






260. LES TYPES DE PHRASES



261. LA PHRASE EXCLAMATIVE

L’expression de l’exclamation et l’ensemble des interjections se font en Elko au moyen de la particule « -a » et du point d’exclamation. Il traduit les adjectifs exclamatifs : quel, quelle, etc. Ainsi que tous les mots d’exclamation et les interjections.

kala teteko a !  Quel beau chat !

Oh !  A !



teteko kala !  Quel beau chat !


262. LA PHRASE INTERROGATIVE


L’expression de l’interrogation se fait en Elko au moyen de la particule « -e » et du point d’interrogation. Il traduit les adjectifs interrogatifs : quel, quelle, etc. Ainsi que tous les mots d’interrogation.

El sutkoi e ?  De quoi parles-tu ?

E ?  Quoi ?, Qui ?, Lequel ?,…



Kewe ?  Où ?

263. LA PHRASE INJONCTIVE

L’expression de la phrase injonctive se fait en Elko au moyen de la particule « i » et du point d’exclamation. Cela traduit également, le jussif, l’impératif et tous les mots traduisat un ordre.

Wami i !  mange !



264. LA PHRASE DECLARATIVE

L’expression de la phrase déclarative ou phrase assertive se fait en Elko au moyen de la particule « o » et du point. La phrase déclarative est la phrase par défaut et, par conséquent elle est sous-entendue. La particule « o » étant principalement le suffixe des noms lui aussi sous-entendu.

El lambai teteko (o). Je regarde un chat.



265. LE CAS DES PHRASES AFFIRMATIVES ET NEGATIVES

Les phrases affirmatives et négatives sont étudiées séparément car leur fonctionnentment n’est pas comparable a celui des quatre types de phrases observées juste avant.


266. LA PHRASE AFFIRMATIVE

La phrase affirmative traduit une insistance visant conforter la pensée de son interlocuteur. Elle se marque au moyen de la particule adverbiale « me » qui littéralement signifie « oui ». Mais qui, dans ce contexte, se traduit principalement par des adverbes emphatiques du type : en effet, efffectivement, il est vrai…


Ka wako me pali ri En effet, cette voiture m’appartient bel et bien


Ne ra wako, me la wako Il ne s’agit pas de ma voiture mais de la tienne


267. LA PHRASE NEGATIVE



Ka wako me pali ri Cette voiture ne m’appartient pas


268. LE FACTITIF

Le factitif est une forme de l’aspect du verbe qui indique une action exercée par une autre personne que par le sujet. En Elko le factitif s’exprime au moyen du datif « -i » en position sujet.

Ego kiti palleo Il construit une maison  Egi kiti palleo Il fait construire une maison par quelqu’un d’autre



Ego kiti palleo Oweni Il construit une maison pour Jean


269. L’INCHOATIF ET LE TERMINATIF

L’inchoatif est une forme verbale indiquant le début d’une action, ainsi que son évolution. En Elko l’inchoatif se traduit au moyen de l’auxiliaire verbal ketu. Cette forme verbale n’a rien de particulier au niveau morpho-syntaxique puisque cette forme respecte la logique de la langue, ainsi l’auxiliaire prend le suffixe « -u » car la grammaire exige que le premier d’une suite de deux verbes doit prendre le ligatif.



Go diwi Il travaille  Go betu diwi Il finit de travailler