IDEO TTQ Grammaire du tcatcalaqwilizi : Différence entre versions
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Version du 22 janvier 2009 à 14:55
Genre
Les mots désignant des êtres animés (humains ou animaux) possèdent trois genres : épicène, masculin et féminin. Le nom générique est toujours épicène. Le masculin et le féminin se marquent avec un digramme vocalique sur la deuxième voyelle du mot (non compris un éventuel a euphonique, voir § pluriel) par l’adjonction d’un a au masculin et d’un e au féminin.
Trois cas se présentent :
- 1. Syllabe ouverte (CV) : le genre s’ajoute après la voyelle (CVa/CVe).
maze (humain) --> mazea (homme) --> mazee [madzeː] (femme)
- 2. Syllabe fermée (CVC) avec voyelle n’étant pas a au masculin ou e au féminin, le genre suit la coda (CVCa/CVCe).
pilin (enfant) --> pilina (garçon, fils) --> piline (fille)
- 3. Syllabe fermée avec V = a devenant masculin ou V = e devenant féminin, la voyelle se double et subit donc un allongement.
qnatam (mouton) --> qnataam [ktanaːm] (bélier) et non *qnatama mais --> qnatame (brebis) règle n°2
mlatencin (docteur) --> mlateencin [mlatɛːnʃin] (doctoresse) et non *mlatenecin mais --> mlatenacin (docteur) règle n°2
Exception : si le mot épicène est monosyllabique, la voyelle générique est ajoutée en finale. Si le mot finit par une voyelle, il y a insertion d’un hh euphonique.
leql [lɛkl] époux --> leqla [lekla] époux, mari --> leqle [lekle] épouse, femme
Certains mots ont des genres irréguliers. C’est le cas notamment du nominalisateur naqan mais aussi de quelques noms d’usage courant.
tatliq, parent --> tatlaq, père --> tetleq, mère
telpi, frère ou sœur --> telpa, frère --> telpe, sœur
Les mots désignant des objets (inanimés) sont considérés comme neutres et subissent les marqueurs épicènes.
Article et démonstratifs
Le tcatcalaqwilizi ne connaît pas d’article indéfini.
L’article défini hhun [jun] est invariable (le genre et le nombre sont marqués sur le substantif). Il n’est jamais obligatoire, sauf si le contexte n’est pas suffisamment clair. Il se suffixe au nom ou au dernier terme du groupe nominal.
mazeahhun [madzeajun] l’homme
mmazeehhun [mjadzeːjun] les femmes
On trouve plus fréquemment l’adjectif démonstratif qui prend 4 formes :
- hhan [jan] – démonstratif proche
- hhen [jɛn] – démonstratif lointain
- hhin [jin] – démonstratif indiquant la hauteur ou la supériorité
- hhon [jɔn] – démonstratif indiquant le bas ou l’infériorité
mazeahhan [madzeajan] cet homme-ci, l’homme ici
mazeahhen [
mazeahhin [madzeajin] cet homme en haut, cet homme (honorifique)
mazeahhon [madzeajɔn] cet homme en bas, cet homme (inférieur, dépréciatif)
Si le nom finit par une consonne, on insère une voyelle euphonique avant l’article ou le démonstratif (u après un mot épicène ou neutre, a après un masculin, e après un féminin).
agamuhhin [
qnataamahhan [knataːmajan] ce bélier-ci
mmalateencinehhun [mjalatɛːnʃinejun] les doctoresses
Le pronom démonstratif se forme comme suit : nominalisateur naqan + finale adjectif démonstratif. Ex : naqanan (pronom démonstratif proche masculin singulier)
épicene sg | masculin sg | feminine sg | epicene pl | masculin pl | feminine pl | |
naqanan (proche) | naqunan ceci | naqanan celui(-ci) | naqenan celle(-ci) | nnaqunan ceux(-ci) | nnaqanan ceux(-ci) | nnaqenan celles(-ci) |
naqanen (lointain) | naqunen cela
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naqanin (en haut) | naqunin ceci | naqanin celui | naqenin celle | nnaqunin ceux | nnaqanin ceux | nnaqenin celles |
naqanon (en bas) | naqunon ceci | naqanon celui | naqenon celle | nnaqunon ceux | nnaqanon ceux | nnaqenon celles |
En agglutination dans une forme verbale, naqanan perd son n final devant un pronom débutant par une consonne.
Pluriels
Pluriel générique
Le pluriel se marque par le redoublement (mouillure) de la première consonne qui ne soit pas en coda. Il concerne les noms, les adjectifs, les formes verbales ; le pluriel des personnels est irrégulier.
maze (être, humain, homme, personne) --> mmaze [mjadze] (êtres, gens)
agam (maison) --> aggam [agjam] (maisons)
izqi (chien) --> izqqi [idzkji] (chiens)
Les mots composés uniquement d’une voyelle et d’une coda forment leur pluriel par redoublement complet. Au nominatif seulement, le redoublement s’accompagne d’un allongement vocalique par adjonction d’un h sur la seconde syllabe.
ap (arbre) --> apahp [apaːp] (arbres) mais aipap (vers les arbres, Obl.)
Les mots commençant par CC ou VCC marquent leur pluriel sur la première consonne avec insertion d’un a euphonique avant la seconde.
tcatcala (pain) --> ttacatcala [tjaʃatʃala] (pains)
Pluriels avec numéraux et quantificateurs
Les mots indiquant un pluriel (numéraux et quantificateurs) sont suivis d’un classificateur ; l’ensemble se préfixe au nom. Le pluriel du nom par redoublement est alors omis (mais pas sur le qualificatif s’il s’agit d’un groupe nominal). La marque casuelle est indiquée sur le nom, régulièrement.
Entre un numéral et un classificateur, on intercale le multiplicateur (p)w(a). Les chiffres 2 (ome), 3 (ehhi) et 4 (naqwi) ont une forme irrégulière qui est respectivement om, hhe et qi.
hhepwanaqamazea, trois hommes (hhe, numéral / pwa, multiplicateur / naqa, classificateur des êtres humains adultes / mazea, homme)
amtcinaqamaze, tous les êtres (amtci, tout, la totalité / Cl. / maze, être)
Quatre cas particuliers se présentent :
- 1. L’indicateur de pluriel finit par une voyelle et le classificateur débute aussi par une voyelle, un hh [j] euphonique est intercalé.
ilpazahhocemactli, une poignée de graines (ilpaza, poignée / hh, insertion euphonique / ocem, classificateur des grains / actli, graine)
- 2. L’indicateur pluriel plurisyllabique finit par une consonne qu’il perd s’il précède un classificateur débutant par une consonne.
zazacotcatcala, quelques pains (zazan, quelques, plusieurs / co, cl. aliments avec levure / tcatcala, pain)
- 3. L’indicateur pluriel monosyllabique finit par une consonne et le classificateur débute par une consonne, une voyelle euphonique est intercalée (u devant un nom épicène, a pour un masculin, e pour un féminin).
nzinunaqamaze, une foule (nzin, infinité, quantité indénombrable / u, voyelle épicène / naqa, cl. êtres humains / maze, humain)
- 4. L’indicateur pluriel finit par V+h qui note un allongement vocalique. Si le classificateur débute par une voyelle, le pluriel perd son allongement (chute du h) et il y a insertion de hh [j]. Si le nom débute par une consonne, pas de modification du pluriel ni d’insertion.
cencahhazuqagam [ʃɛnʃajadzukagam] beaucoup de maisons (cencah, beaucoup / hh, euphonie / azuq, cl. habitations individuelles / agam, maison)
mais cencahnaqamaze [ʃɛnʃaːnakamadze] beaucoup de monde (avec conservation de l’allongement vocalique)
Dans un style littéraire, on peut conserver l’allongement vocalique et l’insertion. On a alors une succession de trois h (cencahhhadzuqagam [ʃɛnʃaːjadzukagam]).
Le classificateur peut être utilisé seul pour les chiffres 1 et 2 uniquement.
Pour le chiffre 1, on emploie sa forme simple ; pour le chiffre 2, une forme alternative dérivée du redoublement ou du pluriel (valant un pluriel duel). Tous les autres quantificateurs sont suivis du classificateur simple.
L’utilisation du numéral et du classificateur (pour les numéraux 1 et 2) produit une insistance sur la quantité (pour en indiquer la petitesse ou le rapport avec un plus grand nombre) ; elle est également plus littéraire.
Les classificateurs sont donc toujours indiqués avec leurs deux formes :
Cl êtres humains adultes : naqa(t) / nnanaq(a)
Un homme : cepwanaqamaze ou naqamaze
Deux hommes : omwanaqamaze ou nnanaqamaze
Quantificateurs
Utilisation
Génitif non casuel avec classificateur
Adjectifs qualificatifs
Les adjectifs qualificatifs suivent le nom. Ils prennent également la marque casuelle. Ils notent également le genre et le nombre ; cependant, s’il y a plusieurs qualificatifs, seuls le dernier les indique.
Dans le cas d’un groupe nominal de type nom + adjectif + possessif, le possessif marque le cas mais pas le genre, ni le nombre ; l’adjectif les notera donc.
L’article ou le démonstratif se suffixe au dernier terme du groupe nominal même s’il s’agit d’un adjectif.
agam huqaupan, une grande maison (huqapan, grand)
aogam huoqaupantlao, dans ma grande maison (avec o, marque du locatif)
mazea huqaapanahhin, le grand homme (avec démonstratif de supériorité)
mmazee huqapan qqalneeqahho, des grandes et jolies femmes
aogam mmaezee hueqapan qqaelneeqahho, dans la maison des grandes et jolies femmes (avec e, marque du génitif)
Intensificateurs
L’adjectif peut être préfixé par l’intensificateur qqi(p) (très) ou sa forme dérivée qqawi(p) (extrêmement). Les adjectifs débutant par un h le perde au profit de la forme avec coda consonantique de l’intensificateur.
qalneqahho (beau) --> qqiqalneqahho (très beau) --> qqawiqalneqahho (extrêmement beau, magnifique)
huqapan (grand) --> qqipuqapan (très grand) --> qqawipuqapan (immense)
Pluriel, genre et nombre se marquent régulièrement sur l’adjectif.
aoggam qqipuoqaupanuhhan (dans les grandes maisons)
maqquqwahuqapan (démesurément grand)
Comparatifs de supériorité et d'infériorité
La structure comparative se forme comme suit : adjectifs contraires / sujet + (ou –) / objet - (ou +). Les adjectifs contraires sont reliés entre eux par le nominalisateur (n)uqu(n) ; le couple adjectival devient un nom (ex : grand+nominalisateur+petit = taille). Le nom ainsi formé reste au nominatif. Sujet et objet, au génitif, se préfixent aux démonstratifs de supériorité ou d’infériorité sous la forme de –(c)in et –(qt)on.
L’ordre du couple adjectival influe aussi sur le sens.
Huqapanuqutepteq tlaecin etaqton. Je suis plus grand que lui. (emphase sur ma grandeur) Tepteququhukapan tlaecin etaqton. Je suis plus grand que lui. (emphase sur sa petitesse)
En inversant les deux termes au génitif, on obtient un comparatif d’infériorité. Cependant, les tournures sujet +/objet – seront préférées.
Les intensificateurs qqi(p), qqawi(p) et maqquqw(a) peuvent être associé au comparatif de supériorité.
Huqapanuqutepteq tlaecin tcaeqton. Je suis plus grand que toi --> Huqapanuqutepteq qqitlaecin tcaeqton. Je suis beaucoup plus grand que toi, je suis vraiment plus grand que toi (litt. Taille de moi très plus, de toi moins).
Comparatif d'égalité
Il se construit également avec le couple adjectival suivi des deux objets au génitif liés par l’égalisateur (u)nqwo(q). Il n’y a agglutination que dans le cas de deux pronoms.
Huqapanuqutepteq tlaenqwotcae. Je suis aussi grand/petit que toi, je suis de la même taille que toi (litt. Taille de moi = de toi).
Superlatif
Huqapanuqutepteq tlaecin mmauze. Je suis le plus grand des hommes (litt. Taille de moi plus, parmi les hommes).