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De Ideopedia

L'élaboration de l'aneuvien a été longue et certains aspects peuvent, aux yeux des lecteurs peuvent sembler encore en travaux. Toutefois, si la quasi-totalité des règles et des mots actuellement présents peuvent être considérés comme définitifs<ref>Si toutefois des changements pourraient survenir, la version précédente serait encore valable pour une durée à déterminer (suffisamment longue, quand même).</ref>, il n'en a pas toujours été ainsi. Même si certains mots, créés dès l'origine, comme certaines règles de grammaire, ont l'âge de la langue, d'autres ont suivi des modifications plus ou moins profondes motivées soit par une volonté de facilité d'élocution, soit par la recherche d'une certaine universalité, c'est à dire avec le moins d'exceptions possible (ce qui était beaucoup moins évident que ça n'y paraît). Parmi les règles imaginées (et qui ont été à l'essai pendant quelques mois, voire un ou deux ans<ref>Et même des fois plus !</ref>), certaines ont été complètement abandonnées, d'autres ont subsisté en tant que variantes dans la mesure où la version suivante ne les rendait pas incompréhensibles.


Une orthographe sans diacritiques...

Lors de la création de l'aneuvien, je pensais pouvoir faire à la fois une langue riche en sons, avec une orthographe simple et sans ces bidules au dessus ou en dessous des lettres qui empoisonnent l'existence (d'autant plus que j'avais, à l'époque, une machine à écrire). Je me rendis vite compte que le pari allait vite devenir impossible et qu'il fallait que je fasse quelques concessions. Ma machine à écrire étant devenue, entre temps, hors d'usage, ça me libéra, dans une certaine mesure et je pus puiser dans certaines versions un peu exotiques (toujours dans l'alphabet latin) des nouvelles lettres. il y avait donc, en plus des habituels A [a], E [e], I [i], O [ɔ] ou [o], U [y], Y [ə], un Œ qui allait se prononcer [u] et, pêché au Danemark en 1976, un Æ qui allait se prononcer [ɛ]. C'aurait pu durer encore longtemps si je n'avais pas découvert l'accent tonique et les voyelles longues. L'accent tonique fut, tout d'abord situé sur la première syllabe (c'aurait pu être la dernière !) toutefois, pour des raisons qui me paraissaient (et qui me<ref>À moi, certes, mais pas à tout le monde, et en tout cas, pas aux Magyars, qui accentuent TOUJOURS leurs mots sur la première syllabe, même si, ailleurs, il y a un accent droit qui, en hongrois, ne localise pas l'accent tonique, mais allonge une voyelle.</ref>paraissent toujours) logiques, les voyelles longues devaient porter l'accent tonique... et celles-ci n'étaient pas nécessairement sur la première syllabe du mot (kostraak). Des nouveaux sons vocaliques s'ajoutèrent aux précédents : AA [aː], EA [ɑː], EE [eː], II [iː], OE [œː], OO [oː] et UU [yː] ce qui influença la longueur du son, tout d'abord du Æ [ɛː] puis du Œ [uː]. Parallèlement à ces problèmes phoniques, j'étais également sur la conjugaison et notamment le passé du subjonctif, que je désirais suffisamment éloigné de l'indicatif, pour ne pas les confondre, mais pas trop quand même (garder une terminaison en -A). J'eus alors l'idée de déplacer l'accent tonique pour ce fameux temps, pour les verbes en -EA, ça ne posait (à l'époque) pas trop de problèmes, EA étant long, donc accentué. Mais c'allait en poser pour IA (Vedia). Et là, il fallait indiquer où se trouvait l'accent, pour éviter les confusions. -IA devint donc ÍA quand les verbes au subjonctif passé en -EA passèrent à -ÉA. La porte aneuvienne étant ouverte aux accents aigus, il n'y avait pas de raison que les accents graves restassent dehors !

...qui manque de nez

La modification des nasales fut vraisemblablement une des dernières qui fût entreprise, puisqu’elle ne date que de fin 2008 (après mon inscription à l’atelier philologique). Elle s’est faite en deux temps. Tout d’abord, il fallait que je distinguasse les voyelles nasales de celles qui ne l’étaient pas quand elles étaient suivies de M ou N. Auparavant, il n’y avait aucun moyen de les distinguer, sinon que, par exemple, une nasale courte (avec A, E ou U) n’était jamais accentuée. Bien entendu, ça entraîna quelques incompatibilités et je dus faire face à des syllabes homographes (celles que je cherche à tout prix à éviter). Comme expliqué alors sur le site de l’Atelier, je cherchais une solution suffisamment souple, mais qui ne m’obligerait pas à faire appel à un nouveau diacritique. Une solution qui permettrait également que les syllabes courtes nasales accentuées soient reconnaissables. Le diacritique sur la voyelle était exclu, à cause des voyelles longues (presque toujours doublées), me restait donc à le mettre sur la consonne. Là, je n’avais pas l’embarras du choix, puisque le diacritique en question devait pouvoir se mettre aussi bien sur un M que sur un N ce qui, d’emblée excluait la tilde. Je me rabattis pendant une courte période sur l’accent aigu, lequel pouvait se mettre aussi bien sur la bilabiale que sur la dentale. J’étais presque content… presque. Jusqu’à ce que je me trouve confronté à des graphies étranges du genre ÈŃ ou ÁḾ. Bref, la pêche aux diacritiques recommençait, jusqu’à ce que j’en trouvasse un (le seul, en fait, pour les cas cités plus haut) qui allait convenir : le point suscrit. Il allait même remplacer un accent au dessus d’une consonne qui ne faisait pas du tout partie du programme : le Ż [dz]<ref name="ç">Si j'avais connu le point suscrit plus tôt, et surtout si javais su l'exploiter par informatique, le C seerait prononcé [s] comme le Z se prononce [z] et le point aurait donné les affriquées correspondantes, ce qui m'aurait fait l'économie de la cédille. Ça n'a pas été le cas. Pas question de tout chambouler; cependant, un système d'écriture optionnel existe et le Ċ y trouve une place naturelle.</ref>.

Du [a] au [ɐ]

À l'origine (la période sans diacritiques), tous les A étaient antérieurs ([a]) et seul le digramme vocalique long EA était postérieur ([ˈɑː]). C'est en fait l'apport des signes diacritiques (cf plus haut) qui a quelque peu centralisé le A vers sa prononciation actuelle. Toutefois, la prononciation d'origine n'est pas complètement abandonnée.


Un C en quête d’identité

Dès l’origine, je voulais m’affranchir ce cette règle étonnante, commune aux langues latines, qui faisait qu’un C, [k] devant les voyelles comme A, O, Œ, ou U, devant les consonnes ou en fin de mot dans ces langues, se transformait soit en [s] (français & portugais), soit en [θ] en espagnol (castillan) soit en [t͡ʃ] en italien, en corse ou en roumain devant les lettres E, I (et y pour les langues qui en disposent), alors que les langues slaves faisaient preuve d’une belle unité en associant cette lettre au [t͡s]. Comme le [s] et le [t͡s] n’étaient éloignés que d’une lettre, je pris tout d’abord le parti de faire une synthèse des deux règles (!) :

Æ E I Y A O Œ U H
[s] [t͡s] [t͡ʃ]

C’était assez original mais pas très logique, surtout que dans le même temps, j’avais le son vocalique long [ɑː] qui commençait par un E (EA) ! En plus, j’avais deux règles de grammaire qui mettaient à mal la stabilité phonique de ce C.

  • Eg dem dèlac [dɛlɐts] = je m'absente; (tep) eg dem delatséa [dəlɐ'tsea] = (que) je me sois absenté<ref>Maintenant : Eg dem dèlaċ [dɛlɐts] = je m'absente; (tep) eg dem delaċéa [dəlɐ'tseɐ] = (que) je me sois absenté.</ref>.
  • Problème du pluriel des mots en -C :
Gat = chat Nominatif Accusatif
Singulier gat gac
Pluriel gate gatse<ref>Maintenant : gaċe. Gatse n'est toutefois pas erroné.</ref>


Comme les diacritiques avaient déjà quelque peu « forcé » l’alphabet, il n’y avait pas de raison pour que ça ne continuât pas : Le C [s] devant A, O, Œ, U fut affublé d’une cédille. Quant au [ts] en fin de mot ou devant Æ, E, I ou Y, elle… restait TS.

À côté se ça, le CH se prononçait [t͡ʃ], comme en espagnol et en anglais et pour n’avoir que le [ʃ], on ajoutait un S devant, comme en allemand.

C’a bien duré presque vingt ans ! même plus ! En fin de compte j’optai pour une transition en douceur vers une règle beaucoup plus simple, celle qui a été en vigueur jusque récemment :

Tous les C se prononcèrent [t͡s] et tous les Ç<ref name="ç"/>se prononcèrent [s], rien de changé pour le CH, quant au son [ʃ], seuls les mots non aneuvisés d’origine allemande gardent SCH ; sinon, ce fut (en toute logique) ÇH... jusque récemment.

Afin de créer une logique avec le Ż ([d͡z]) et son pendant palato-alvéolaire Żh, les diacritiques ont été modifiés pour le C. Tout d'abord est apparu le Ċ, qui remplace le C pour la prononciation de l'affriquée alvéolaire non voisée (la voisée étant représentée par le Ż). Puis, les mots en [t͡s] modifiés (sauf peut-être quelques oublis), le Ç a été remplacé par un C<ref>À la différence du S, le C se prononce toujours [s], sauf pour quelques rares noms, étrangers et non aneuvisés; le Ċ se prononce [t͡s] si aucune consonne le le précède (y compris dans un autre mot, ce qui a grandement simplifié des mots comme laṅcap).</ref>pour la prononciation du [s] (un rapprochement avec le C cyrillique, dû à une coïncidence fortuite). La langue aneuvienne en a fini avec la cédille : Ch se prononce comme en français, et Ċh se prononce comme les Ch anglais & espagnols.

le difficile cas du E

Une lettre : un son ; un son : une lettre ! Je me suis vite rendu compte que cet idéal devenait irréalisable avec la lettre E, au fur et à mesure que je progressais dans le vocabulaire ! Tout d'abord parce que je me suis rendu compte que, même en français (la langue que je pratique couramment), les E, même non accentués, ne se prononcent pas tous de la même manière<ref>Berger, fenêtre : 4 fois un E nu : 4 prononciations différentes !</ref>! Avec la meilleure volonté du monde (j'ai fait des essais !) j'avais vraiment du mal à prononcer les E (en rouge) de ar livente! (qu'ils vivent !) de la même manière. Là d'ssus sont venus se greffer tout d'abord l'accent tonique, puis les signes diacritiques ! À défaut de faire simple (pari à peu près impossible avec cette lettre à la fois si complexe et si courante), il fallait faire logique. Au bout d'un certain nombre d'années riches en prononciation alambiquée et truffée de cas particuliers, j'ai fini par la règle qui prévaut actuellement.


Le S et le X

Lorsque j’ai découvert le son [ɬ] (lors d’un passage au pays de Galles, en 1986), je m’étais demandé où je pourrais bien le caser. Mon idée était donc de lui attribuer la lettre S, le X avait alors le son [s] (!) et pour avoir le son [ks], il fallait donc écrire KX. Au bout de trois ans de « chuintements étranges » (surtout à l’accusatif) et d’irrégularités de toutes sortes, je me décidai d’aplanir tout ça. Toutefois, le son [ɬ] allait rester, mais la lettre X allait retrouver son véritable rôle. Récemment, le [ɬ] a été remplacé par le [ç], plus facile à prononcer. Seule subsistance du [ɬ] : le digramme SL. La prononciation [ʃ] pour le S devant une consonne (à-postériori issu de l'allemand) est tolérée.

Avant Maintenant
S entre une voyelle
et un E final (muet)<ref>Également derrière B, D, G & W.</ref>
[z] [z]
S final ou devant

une voyelle

[ɬ] [s]
SS [s]<ref>Le double S est resté, notamment pour permettre la subsistance d'à-postériori comme klasse ou glasse ; sinon, le Ç représente très bien le son [s] et cette règle empêche l'homophonie post/poçt.</ref>
S devant une
consonne autre que
C, L, S<ref>SC tend à disparaître.</ref>
[ɬ] [ç]
SH [ç]
SL [ɬ]
X [s] [ks]<ref name="x">Sauf derrière une consonne !</ref>
XH [ʃ] [kʃ]<ref name="x"/>

Chassez le natUrel; il revient au galop

Pendant longtemps, le U s'est prononcé [y] et le Œ [u] (cf : une orthographe sans diacritiques). Le Œ est donc passé du [u] au [uː] (ibid.) et il fallait bien une lettre pour le son [u]. La lettre la plus naturelle pour ce son était bien sûr... le U. Mais le U était déjà pris pour le son [y] (ainsi que le doublon UU pour le son [yː]). Là, je dois dire que les diacritiques m'ont filé un fameux coup d'main. Du coup, le [y] allait devoir être accentué. Dans quel sens ? Le plus simple était bien évidemment le `. Du coup, le [u] court accentué sur une autre syllabe allait être affublé d'un accent aigu. Le problème du U accentué était réglé. Restait à régler celui du U non accentué. Là, ça devenait plus épineux. Je fis bien une tentative avec le tréma (lire le paragraphe en question), laquelle débouchait sur les orthographes assez dures à retenir, pour des mots pourtant courants (vaxèndü, püzéa). Finalement, le tréma fut abandonné, ce qui m'amena devant le dilemme suivant :

soit un U perdant son accent grave changeait de sonorité et se transformait de [ˈy] en [u] ;
soit il gardait le son [y] ;
soit il prenait un son neutre comme [ə] ou [ʌ].
  • La première solution était la plus logique, mais la plus difficile (pour moi) à assimiler, parce que pendant des années j'avais prononcé des mots composés avec le suffixe -du avec un [y], à cause de la règle d'origine. Prononcer [vɐ'ksɛndu] (par exemple) était particulièrement difficile, et le "naturel" revenant, comme la rivière coule de la source vers la mer, je finissais toujours par prononcer [vɐ'ksɛndy] !
  • La deuxième solution était pour moi, plus naturelle, mais elle avait un inconvénient : du coup, une même lettre (le U sans diacritique) se prononçait soit [y] soit [u]. Chose que j'avais voulu (et réussi à) éviter à l'origine pour les lettres portant l'accent tonique : Pas d'ambigüité ! le [ˈy] s'écrit Ù, le [ˈyː] UU, le [ˈu] U ou Ú (selon qu'il s'agisse — ou non — de la première syllabe) et le [ˈuː] Œ. Mais pour le U non accentué, c'était plus difficile que pour le A (voir cette lettre) : le son [y] est quand même plus "éloigné" du [u] que le [a] l'est du [ɐ], (même du [ɑ] !).
  • La troisième solution était une "cote mal taillée" et je ne pouvais pas me résoudre à en faire une véritable règle; mais je l'ai tout de même conservée, me disant que je pourrais bien la caser quelque part.

J'ai même eu, un temps, la tentation de prononcer tous les U non accentués [y], mais, du coup, certains mots : muséum, sanàtorjum, peplum étaient malaisés à prononcer en [y] (toutefois, en aneuvien, ces mots se prononcent avec le son [u] et non pas le son [ɔ], comme en français).<ref> lesquels se prononcent donc [mu·ˈseum], [sɐ·ˈna·tɔʁ·jum], [pe·plum].</ref>.

En tout état de cause (et ce, uniquement pour les U non accentués) les noms en [y] à l'origine gardent leur son [y], les "nouveaux" noms ont un U non accentué se prononçant [u], sauf s'ils sont pourvus d'un affixe venant d'une racine en Ù (us-, -du). Mais les lettres non accentuées ayant moins de "poids", leur prononciation est moins rigoureuse...

Le passage-éclair des trémas

Les trémas ne restèrent pas longtemps dans l’orthographe aneuvienne. Entre temps les sonorités de la plupart des voyelles (accentuées ou non) avaient pris à peu près l’aspect qu’elles ont dans la présente édition (que je pense définitive).

Toutefois, pour certaines voyelles, le U non accentué, notamment, j’avais un peu de mal à m’y faire et je peinais à prononcer la plupart des mots ayant -du comme suffixe en utilisant le son [u] : Le radical était [dy]. On retrouvait le même problème avec le A perdant son accent grave et passant du [a] au [ɐ] (moins flagrant, quand même !), de même pour le verbes dont les radicaux comprenaient des E ou des O. Vers la fin des années 80, j’appliquai donc des trémas à certaines lettres NON ACCENTUÉES pour les forcer à garder un certain son :

lettre prononcée au lieu de
Ä [a] [ɐ]
Ë [ɛ] [ə]
Ö [ɔ] [o]
Ü [y] [u]

Après un certain nombre de mois d’ambigüités (j’ai dû réorthographier les noms comprenant des ii pour qu’ils ne soient pas confondus avec ü) et d’oublis de trémas à répétition, je laissai tomber ce diacritique en me disant que, ma foi, la prononciation des voyelles non accentuées pouvait permettre plus de largesses que les autres, d'autant plus qu'on pouvait confondre Ö avec le son [ø] (même si la phonologie aneuvienne ne le prévoit pas !). La seule conséquence du passage des trémas fut que les mots comprenant ii s’écriraient désormais avec iy. Il n’y en avait pas énormément : ce n’était pas trop gênant.


Un passé pas si simple et un diacritique providentiel

À l’origine de la conjugaison aneuvienne, à l’indicatif, il n’y avait que deux temps qui exprimaient le passé

Un temps imperfectif : l’imparfait
Un temps perfectif : le passé, qui traduisait aussi bien le passé simple que le passé composé.

Le problème, c’est qu’on ne pouvait faire aucune différence entre un passé complètement révolu (passé simple en français, prétérit en anglais) et un passé laissant ses traces dans le présent (tout comme le present (justement) perfect en anglais ou le passé composé dans un paquet de langues latines). Comme j’avais déjà des temps composés (construits d’une autre manière), je n’allais pas prendre la formule « auxiliaire + participe passé ». Je n’avais pas non plus envie de trop m’éloigner de formes déjà éprouvées en aneuvien, à savoir : me servir de la forme de l’infinitif passé (la forme en –A). J’eus donc la peu lumineuse idée d’y adjoindre un préfixe : je choisis quelque chose de court : cy- que j’adaptai en C-, ou cj- selon le début des verbes concernés, lesquels gardaient donc la terminaison du passé : Eg cypùza = j’allai... Et effectivement, j’allai vers les déconvenues ! Parce que non seulement la forme était lourde à l’envi, mais elle m’obligeait à mettre un diacritique sur le radical quand le préfixe était CY-, c’est à dire, chaque fois que le verbe commençait par une consonne ! Drôle de passé simple ! Heureusement, parallèlement à ça, je travaillais sur le raccourcissement de la diphtongue AU et du son long EU apparu entre temps : j’avais du mal à me résoudre à écrire Europe : Oerop<ref>Et pourtant, il y a bien Osiet pour "Asie" !</ref>! et je me dis que, plutôt que de placer le U derrière le A et le E, pourquoi ne pas le mettre tout petit et au dessus ? Ainsi raccourcie, la diphtongue AU s’écrivit Ă et se prononça [ɔ], quant au EU, mais aussi le OE, s’écrivirent Ĕ cette lettre pouvant se prononcer soit [ø], soit [œ]. Du coup, j’avais une solution pour me débarrasser d’un préfixe encombrant : La brève étant un diacritique raccourcissant (et c’est bien ce qu’elle est, d’ailleurs !), elle ne déplaçait pas l’accent tonique. Pour mon « nouveau passé », c’était une solution rêvée : cypùza devenait pùză : le prétérit<ref>Je ne pouvais pas l'appeler passé simple, puisque l'autre passé, lui aussi était simple, c'est à dire : d'un seul tenant !</ref> et le passé (parfait) étaient à la fois assez proches (on gardait la même construction) mais pas au point d’être confondus ([ˈpyzɔ] pour [ˈpyzɐ]).

Brève et accent tonique

Le problème qui se posa dès le début avec la brève, c'est que son apparition n'indiquait pas nécessairement un accent tonique, contrairement aux accents droits et gauches et, sur certains mots, comme povĕg (cheminée), on pouvait se demander où cet accent se situait :

sur la première syllabe po-<ref name="o">le Ò étant le raccourcissement d'un OA [ɔː]</ref>comme dans la plupart des mots ?
sur la dernière syllabe -vĕg, celle-ci portant le catégorisateur (cheminée = chemin de fumée).

Sur certains mots comme adrandĕrtyn (admission) ou demvazărpar (autoportrait), la chasse à l'accent tonique est une vraie partie de cache-cache, ou bien un vrai gymkhana où on procède par élimination... et c'est bien parti pour durer, car une règle pourtant bien pratique et qui aurait pu applinir tout ça : « Une brève indique la position de l'accent tonique si rien (accent gauche, droit, voyelle longue) ne s'y oppose par ailleurs » dut être abandonnée avant même sa publication. Ce qui força son abandon, ce fut justement la règle du prétérit ! Effectivement, le -Ă avait remplacé le préfixe cy- justement pour ne pas obliger de mettre systématiquement un diacritique (droit, le plus souvent) pour signaler un accent tonique lorsque le verbe était conjugué à ce temps. Et cette règle allait tout remettre en cause, pour encore davantage de verbes, puisque certains, épargnés par l'ancien prétérit, comme inzh (cinzha) n'allaient pas passer au travers de cette tentative de réforme : ínzhă. Comme il était hors de question de créer deux règles différentes : une pour les verbes et une autre pour les autres mots, la règle actuelle demeure, plus floue que jamais, ce qui n'est pas gênant outre mesure puisque mis à part pour le prétérit, les mots contenant ce diacritique n'envahissent pas le dictionnaire aneuvien. Toutefois, certains mots pourraient voir leur orthographe ou leur accentuation légèrement modifiée, comme c'est d'ailleurs le cas pour pòvĕg<ref name="o"/>.

Des pronoms personnels "exotiques"

À l'exception de deux (ER & OR), les pronoms personnels des origines n'étaient pas ceux de maintenant :

Sinsulier archaïque Tel Tol Til
Singulier actuel E(G) O A
Pluriel ER OR Ir → AR

Ces pronoms personnels un peu particuliers eurent une vie assez longue, puisqu'il durèrent quand même plus de dix ans. Un allégement était toutefois nécessaire lorsqu'il s'agit de traduire des expressions comme "de moi", "en toi" etc... telen, tolev étaient par trop pesants pour des pronoms personnels. ER et OR convenant assez bien comme pronoms au pluriel (un -R derrière une voyelle), ils furent gardés et, du coup, les pronoms singuliers correspondants furent E et O. Par la suite, il fut ajouté un -g au E pour lui donner une petite touche latine<ref>J'ai appris par la suite que eg existait déjà... en danois</ref>. Pour la troisième personne, le I fut changé en A (sans diacritique, ne pas confondre avec À(T), surtout au pluriel AR ~ ÀR).


D’un conditionnel lourdaud à une particule bien pratique

La première mouture du conditionnel présent aneuvien consistait à ajouter un –S au passé de l’indicatif et, comme pour l’indicatif, et même les noms, rajouter un –E au pluriel :

Er skriptase = nous écririons.

Et rajouter un –A pour le conditionnel passé :

Er skriptasar = nous aurions écrit.

Le résultat n’était guère probant mais ça dura quand même plus de cinq ans ! La délivrance vint d’une particule, reprenant un peu la terminaison du verbe (-as), mais qui avait le gros avantage d’être invariable : kjas. Dès lors, je pus me permettre quelques fantaisies et affiner quelque peu l’idée de condition en utilisant soit la forme indicative, soit la forme subjonctive du verbe. Kjas, fut même repris pour arrondir quelque peu l’impératif. Mais (verbe au passé)+S n’est pas mort : c’est ainsi que se construisent certains adverbes.

Une orthographe en adéquation

... du moins, dans la mesure du possible, c'est-à-dire en évitant autant que faire se peut l'apparition d'homonymes parfaits ou, pire, d'hétérophones. Parmi les chapelets de consonnes, certains ont étés écourtés et des voisinages sont en cours de disparition, un nom comme infàntdu est devenu, par simplification : ifàndu sans que l'intelligibilité y perde<ref>Par contre, kaṅtdu subsiste avec cette orthographe, même si le T est amuï, pour cause, là aussi, de proximité avec le D.</ref>. -KH- a "cédé le pas" devant -Q-, issu de la transcription en alphabet latin de noms arabes ; mais en aneuvien, l'origine importe peu. Ainsi, khemidu (chimiste) est-il devenu qemidu sans avoir sa prononciation modifiée.

Le futur

La particule lomir fut remplacée par dhep pour le futur immédiat, cette particule, assez récente sert également pour un temps qui manquait à la conjugaison aneuvienne : le passé immédiat, seule la forme verbale change. La version actuelle date du 14 avril 2010. Par ailleurs, une nouvelle particule fit son apparition, calée, dans l'échelle des futurs entre dhep et mir : ăk, laquelle, comme les autres, se combine avec toutes les autres flexions<ref>Àt nùpkad ea't golàjdak ăk golàjdorăr tev àt nùpdak ingænă = La femme et l'amant allaient faire l'amour quand le mari entra/</ref>. Et c'est pas fini !

<references />