A dalt (poème de Simone Weil)

De Ideopedia

Ouvrez-nous donc la porte et nous verrons les vergers,

Nous boirons leur eau froide où la lune a mis sa trace.

La longue route brûle ennemie aux étrangers.

Nous errons sans savoir et ne trouvons nulle place.


Nous voulons voir des fleurs. Ici la soif est sur nous.

Attendant et souffrant, nous voici devant la porte.

S’il le faut nous romprons cette porte avec nos coups.

Nous pressons et poussons, mais la barrière est trop forte.


Il faut languir, attendre et regarder vainement.

Nous regardons la porte ; elle est close, inébranlable.

Nous y fixons nos yeux ; nous pleurons sous le tourment ;

Nous la voyons toujours ; le poids du temps nous accable.


La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ?

Il vaut mieux s’en aller abandonnant l’espérance.

Nous n’entrerons jamais. Nous sommes las de la voir...

La porte en s’ouvrant laissa passer tant de silence


Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ;

Seul l’espace immense où sont le vide et la lumière

Fut soudain présent de part en part, combla le cœur,

Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière.


Aifiekt' enk a dalto ned' a vünskɯms sel ata,

A krais odam, haṙ ilki oftaurxto, sel pevid.

A jænt veċka krajt ef em, sahtig cel u nynui.

Mülem naidron quangro æb neyn ɯmo medvego.


Mülem lois jevo o ata. Thaṙ haifre nath em vegt.

Yevons' eg yevünxe, mülem thater' ef a dalt.

Ud sonteeth, mülem yehudson selo duhhup at.

Mülem hungo, ustro : a feng jús erstedsai sto.


Mülem sonteeth stengo, vono æb nünse'th ata.

A dalto mülem ata : vꜵft sto, nett etveiüm.

Mülem a rans vauso ; nith a jesthragma yuno ;

Mülem aur atar ; at udṙes vucc' em ervuġet.


A dalt ef em bünt ; yad huÿ jur' emṡe nindeer ?

Juraseeth ꜵhvure, vósazo ofüçon.

Mülem neynaṅ selo entym, vüstei ġ'attheh.

A dalt aifiekron lygdiẋto chemangte sogno


Süddek a vünskɯma nieb loia jersuro.

On ubeiüm tharma, haṙ thokdes yanbe büno,

Cizt proiert nob tembe nintes, haubo jeiexto,

Æb a rans emṡe sçufsto kath gnitei nith a siéf.