Sonedes (poème de Simone Weil)
Original en français
Nécessité
Le cercle des jours du ciel désert qui tourne
Parmi le silence aux regards des mortels,
Gueule ouverte ici-bas, où chaque heure enfourne
Tant de cris si suppliants et si cruels ;
Tous les astres lents dans les pas de leur danse,
Seule danse fixe, éclat muet d’en haut,
Sans forme malgré nous, sans nom, sans cadence,
Trop parfaits, que ne revêt aucun défaut ;
À eux suspendus, notre colère est vaine.
Calmez notre soif si vous brisez nos cœurs.
Clamant et désirant, leur cercle nous traîne ;
Nos maîtres brillants furent toujours vainqueurs.
Déchirez les chairs, chaînes de clarté pure.
Cloués sans un cri sur le point fixe au Nord,
L’âme nue exposée à toute blessure,
Nous voulons vous obéir jusqu’à la mort.
Traduction en sonnéra
Sonteze
A yebromce vat süngai yeerɯms yelen
Migim a sogen ġ’as atthei jánslume,
Thiék aifeh pꜵg, haṙ elk dæruk chemangte
Yebérsas’ eg falastee krais envorrojt ;
Koṡe lꜵge ġentra am imkythtaukra,
On vaus imkythre, epnob tnasai zakel,
Ketriske nud’r em, kemmiske, relkliske,
Jús ile, deve neyn düta vovüch ;
Ep lus duvvengte, hiarr’ emṡe süviarb sto.
Haifzo emṡe pándat’ ud haubo hupo.
Yeyarlse yeberds’, omce taṡ’ em triṡirt ;
Ilnee tuira emṡe koṡɯ kræfsuro.
Jarnes striṙte, jateh kyandses sonkora.
Yeveblete kraísk’ ep vaus citta Zürth,
Iskai jud ṅastai ġe kos asaltheh sund,
Mülem jevo o nitheik osve duthme.