Volapük

De Ideopedia
  Volapuk.jpg Volapük
Volapük
 
Année de création 1879
Auteur Johann Martin Schleyer
Régulé par Kadem Volapüka
Nombre de locuteurs Une vingtaine
Parlé en Monde
Idéomonde associé
Catégorie Langue auxiliaire
Typologie Langue a posteriori
Alphabet Latin
Lexique 3000 racines<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, i), (disponible en ligne).</ref>
Version Révision de 1931
Codes de langue
ISO 639-1 VO
ISO 639-2 VOL
ISO 639-3 VOL
Préfixe Idéopédia IDEO_VOL

Une langue sans trémas semble monotone, rude, et ennuyeuse.
J.M. Schleyer
<ref>Cité par Akira Okrent, "Trüth, Beaüty, and Volapük", in : The Public Domain Review, 17/10/2012 (consulté le 21/05/2015).</ref>

Le volapük est une idéolangue créée par Johann Martin Schleyer en 1879 qui fut très populaire rapidement, et qui, malgré un schisme et l'apparition de l'espéranto, a survécu jusqu'à nos jours, dans une forme légèrement remaniée.

Bref historique

Lorsque Schleyer le publia, en 1879, le volapük connut un succès immédiat. Des clubs de volapük furent fondés à travers l'Europe et les États-Unis, et même jusqu'en Chine ou au Brésil<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, I (disponible en ligne).</ref>. 1889 fut son acmé ; on comptait alors des douzaines de magazines, et une centaine de livres.

Les raisons de son déclin rapide sont sujettes à débat. Certains pointent les demandes de réformes. De fait, entre le cifal<ref>Le cifal est le chef du mouvement volapükiste. Il dirige l'académie (kadem volapüka) et en nomme les membres. Il peut se faire aider par un vicifal, "vice-cifal", qui est appelé à lui succéder, et par un guvan, "administrateur". Cf. le point III des statuts du mouvement volapükiste, en volapük ou en anglais.</ref>, Schleyer, et le président de l'académie, le français Auguste Kerckhoffs, il y eut un combat sans merci dont le mouvement pâtit beaucoup<ref>L'académie de volapük donna naissance à l'Idiom Neutral.</ref>. D'autres pointent plutôt l'attitude de Schleyer, très fermée, à l'égard des projets de réforme. Beaucoup s'accordent à montrer aussi le rôle de l'espéranto, qui, profitant du schisme, et peut-être aussi à cause de ses qualités intrinsèques, récupéra une bonne partie des volapükistes.

Mais l'histoire du volapük ne s'arrête pas là. Le volapük connut même un regain de vie dans les années 20 et 30 aux Pays-bas jusqu'à la seconde guerre mondiale et en Allemagne jusqu'à son interdiction par Hitler. Le docteur Arie de Jong, néerlandais, réforma avec l'accord du mouvement volapükiste la langue, pour donner naissance en 1931, avec la publication d'une grammaire entièrement en volapük par l'éditeur bien connu Brill, la Gramat Volapüka<ref>Réédité récemment : Arie de Jong, Gramat Volapüka, Cathair na Mart : Evertype, 2012 (ISBN 978-1-904808-94-7), voir page sur le site de l'éditeur.</ref> et d'un dictionnaire volapük-allemand, chez le même éditeur<ref>Et lui aussi réédité récemment : Wörterbuch der Weltsprache für Deutschsprechende / Vödabuk Volapüka pro Deutänapükans, Cathair na Mart : Evertype, 2012 (ISBN 978-1-904808-89-3), voir page sur le site de l'éditeur.</ref>, au volapük moderne (ou nouveau volapük, volapük nulik<ref>On parle aussi de Volapük perevidöl (volapük révisé), de Volapük pevotastidöl (volapük réformé), …</ref>), qui est encore parlé aujourd'hui.

Volapük moderne : réforme ou état de la langue ?

L'écusson du volapükisme, selon les statuts du mouvement. On y observe une différence avec le slogan du volapük du XIXe siècle, qui était "Menade bal - Püki bal".

Puisqu'elle fut faite en accord avec Albert Sleumer, le cifal légal, et acceptée par l'intégralité du mouvement, on peut considérer le Volapük nulik comme une évolution légitime du volapük plutôt que comme une réforme, et il est donc douteux de parler de volapüklicin à son propos, de la même manière, mais par des chemins différents, que l'on ne parle pas d'espérantide pour l'espéranto contemporain par rapport à l'espéranto zamenhofien : les langues construites aussi peuvent évoluer, et chacune le fait à sa manière.

Il faut dire aussi que les changements sont légers, et que Schleyer aurait parfaitement compris (ou presque) le volapük nulik, alors que les réformes de plein droit et les volapüklicins sont en règle générale très différents. De fait, plutôt que de comparer à l'espéranto, dont l'évolution est devenue naturelle, il nous faut plutôt comparer sur ce sujet là au kotava, qui a déjà dans sa jeune histoire connu trois réformes importantes, en 1988, 1993 et 2008<ref>Auxquelles il faut ajouter rien de moins que la supression du "h" en 2011. Cf. Staren Fetcey et le Comité linguistique kotava, Grammaire officielle complète, v.4.02/2015, avril 2015, p. 4 disponible sur internet.</ref>. Il s'agit pourtant bel et bien toujours de la même langue. Ed Robertson a bien décrit cette révision dans un article de 1995 :

La révision du volapük par de Jong […] a retenu l'esprit et la plus grande partie du contenu du volapük original ; elle l'a mis à jour grâce à des néologismes pour les avancées technologiques ; elle a standardisé le système des affixes ; et elle a comblé quelques lacunes et problèmes de conception de la grammaire. Elle est aussi l'un des rares exemples d'une révision proposée d'une langue construite qui a été officiellement et immédiatement acceptée et d'une version révisée qui est restée pratiquement stable par la suite<ref>"De Jong's revision of Volapük [is interesting for number of reasons: It] retained the spirit and most of the content of the original Volapük; it brought it up to date with neologisms for technological advances; it standardised the affix system; and it filled in a couple of gaps and bad design features in the grammar. It is also one of the few examples of a proposed revision being officially and immediately accepted into a constructed language and of the revised version remaining virtually stable thereafter.", Ed Robertson, "Arie de Jong's Revision of Volapük (1931)", in : Journal of Planned Languages 21 (1995), disponible en ligne.</ref>.

Après l'espéranto et le kotava, une troisième comparaison est possible : le français. Par bien des points, la révision de de Jong est comparable à la réforme du français de 1990<ref>Cf. l'article Wikipédia sur la question.</ref>, même si la grosse différence tient à ce que la réforme du français s'est beaucoup fondée sur la pratique déjà existante, chose difficile à vérifier en volapük.

Phonologie

Voyelles

A : [ɑ] / a, â comme dans « pâle »
Ä : [ɛ] / è, comme dans « père »
E : [e] / é, comme dans « été »
I : [i] / i comme dans « machine »
O : [o] / o, comme dans « peau »<ref>Certaines sources donnent [ɔ], mais il semble bien que l'idée de Schleyer était [o], ce que de Jong n'a pas modifié. Cf. Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, III, a), (disponible en ligne).</ref>
Ö : [ø] / eu, comme dans « jeu »
U : [u] / ou, comme dans « pou »
Ü : [y] / u, comme dans « rue »

Consonnes

B, D, F, K, L, M, N, P, T, V, X : comme en français.
C : [t͡ʃ] / tch, comme dans « ciao »
G : [ɡ] / g, toujours occlusif vélaire, comme dans « gare »
J : [ʃ] / ch, comme dans « chien »
H : [h] / h, fortement aspiré
R : [r] / r doit être roulé<ref>Encore que cette lettre soit rare en vpk rigik, par conséquent, une certaine latitude est susceptible d'être admise.</ref>
S : [s] / s, toujours comme dans « siphon » (jamais voisé comme dans "valise")
Y : [j] / y, toujours comme dans « yo yo » (et non "Ivry")
Z : [t͡s] / ts, comme dans « mouche tsé-tsé »

Quand une lettre n'a qu'une version non-voisée (e.g. c, j, s, z), il est permis de les voiser<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, a), (disponible en ligne) ; Brian Bishop, Malgranda gramatiko de Volapuko per Esperanto (PDF), p. 4 (qui ne cite pas "s", cependant).</ref>.

Abrégé grammatical du volapük

Déclinaison

Le volapük possède quatre cas principaux :

Nom du cas Singulier Pluriel
Nominatif -∅ -s
Génitif -a -as
Datif -e -es
Accusatif -i -is

L'accusatif n'a pas le sens de mouvement avec les noms que l'on retrouve dans d'autres langues, et notamment l'espéranto. Par contre, pour signifier ce mouvement, on peut ou doit ajouter un -i (comme la terminaison de l'accusatif) à la préposition ou à l'adverbe (mais dans ce cas, avant la terminaison de l'adverbe)<ref>Exemples tirés de Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, c), (disponible en ligne).</ref>.

Vom binof in dom
La femme est à la maison
Vom golof ini dom
Vom golof domio
La femme va à la maison<ref>À comparer avec l'espéranto "La homino estas en la domo / La homino iras en la domon / Ma homino iras domen". Ici l'espéranto semble bien être plus conséquent.</ref>

Deux cas supplémentaires sont cependant utilisés :

  • Le vocatif, que l'on marque en ajoutant la préposition "o" au nom au nominatif (o blods, ô frères).
  • Le prédicatif, que l'on marque en ajoutant "-u" (ekölom yani rediku, il a peint la porte en rouge ; ekölom yani redik, il a peint la porte rouge). Mais ce cas n'est que très rarement utilisé, et il est tout aussi correct de dire ekölom yani redik pour dire "il a peint la porte en rouge", mais dans ce cas la phrase est ambiguë<ref>Exemples tirés de Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, c), (disponible en ligne).</ref>.

L'usage de l'accusatif pour marquer le mouvement en modifiant les adverbes et les prédicatifs sont absent en volapük classique<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, III, c), (disponible en ligne).</ref>.

Par contre, dès Schleyer, on avait pris l'habitude soit de rajouter un -i à la préposition soit d'utiliser l'accusatif avec le substantif décliné pour préciser qu'il y avait mouvement<ref>Auguste Kerckhoffs, Dictionnaire volapük-français et français-volapük précédé d'une grammaire complète de la langue, Paris : Le Soudier, 1887, p. 29 (disponible en ligne).</ref>. Ici donc, de Jong a sanctionné et clarifié une pratique. L'usage du vocatif existe dès Schleyer, mais il semble discuté, au moins par le très réformiste Kerckhoffs<ref>Auguste Kerckhoffs, Dictionnaire volapük-français et français-volapük précédé d'une grammaire complète de la langue, Paris : Le Soudier, 1887, p. 15 (disponible en ligne).</ref>.

Pronoms personnels

Les principaux pronoms personnels sont les suivants :

Singulier Pluriel
Volapük Français Volapük Français
ob je obs nous
ol tu ols vous
om il oms ils
of elle ofs elles
on il (neutre) ons ils (neutre)
os il (impersonnel) oy on

Lesquels ont le même pluriel que les noms (-s) et se déclinent pareillement :

olas
de vous<ref>Les pronoms et adjectifs possessifs en étant les dérivés :

olik = ola = ton.</ref>

Il existe encore d'autres pronoms personnels, apportant encore quelques nuances :

  • Un pronom réfléchi, ok/oks ;
  • Un pronom réciproque, ods.

Pour bien les comprendre, il faut comparer :

Löfons odis
Ils s'aiment l'un l'autre
Löfons okis
Ils s'aiment [eux-mêmes]

Il existe encore deux pronoms personnels, mais qui sont peu utilisés. Le premier, qui peut se trouver en poésie<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, d), (disponible en ligne).</ref>, est la personne de politesse, or/ors<ref>C'est un peu l'inverse de ce qui s'est passé en espéranto, où c'est la deuxième personne du pluriel, vi, utilisé comme personne de politesse, qui a "mangé" la deuxième personne du singulier, ci, qui n'est quasiment jamais utilisé.</ref>. Le deuxième est og/ogs, qui signifie "toi ou moi"<ref>Paul Bartlett, "Volapük Grammatical Forms", volapük.com (consulté le 21/05/2015).</ref>, mais, comme l'a écrit Ed Robertson, "ça n'a pas pris"<ref>Ed Robertson, "Arie de Jong's Revision of Volapük (1931)", in : Journal of Planned Languages 21 (1995), disponible en ligne.</ref>.

L'usage des pronoms a pas mal évolué avec la réforme de de Jong. Oy, or, ors et od sont des ajouts purs et simples<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, III, d), (disponible en ligne).</ref>. Mais certains ont aussi eu un sens légèrement différent : ainsi, on utilisait oms aussi bien pour un groupe d'hommes que pour un groupe mixte ; il faut maintenant utiliser le neutre ons pour les groupes mixtes. Os, qui est un neutre en volapük classique, est devenu impersonnel (il pleut = reinos). Cela fait partie des réformes antisexistes de de Jong<ref>Ed Robertson, "Arie de Jong's Revision of Volapük (1931)", in : Journal of Planned Languages 21 (1995), disponible en ligne.</ref>.

Adjectif et adverbe

L'adjectif se forme en ajoutant -ik au radical du nom.

Il ne s'accorde avec son nom correspondant que s'il est placé devant ou s'il en est séparé par tout autre mot :

buk jönik
beau livre
bukes jönik / jönikes bukes
aux beaux livres

L'adverbe dérivé est invariable et s'obtient en plaçant -o derrière l'adjectif ou le nom correspondant :

del = le jour
delik = quotidien
delo = par jour
deliko = quotidiennement

Si l'adverbe est invariable, il est possible, en intercalant une voyelle avant le -o, de préciser s'il y a mouvement :

dom = la maison
binob domo = je suis à la maison (sans mouvement)
golob domao = je pars de la maison (mouvement)
golob domio = je vais à la maison (mouvement)

Un adverbe finissant par -ao porte donc le sens d'origine, et par -io de destination<ref>Paul Bartlett, "Volapük Grammatical Forms", volapük.com (consulté le 21/05/2015).</ref>.

Nombres

Les nombres ont subi un petit changement entre le système classique et le système moderne. Mais vue la systématicité des nombres, ce petit changement conduit à de grands bouleversements. Voici la version actuelle des nombres en volapük<ref>Tout ce passage est tiré de : Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, g), (disponible en ligne).</ref> :

bal 1 degbal 11 teldegbal 21 foldeg 40
tel 2 degtel 12 teldegtel 22 luldeg 50
kil 3 degkil 13 teldegkil 23 mäldeg 60
fol 4 degfol 14 teldegfol 24 veldeg 70
lul 5 deglul 15 teldeglul 25 jöldeg 80
mäl 6 degmäl 16 teldegmäl 26 züldeg 90
vel 7 degvel 17 teldegvel 27 tum 100
jöl 8 degjöl 18 teldegjöl 28 mil 1000 (10^3)
zül 9 degzül 19 teldegzül 29 balion 10^6
deg 10 teldeg 20 kildeg 30 telion 10^12
kilion 10^18

Le système est classique et simple. Ainsi, 4 876 329 se dira folbalion jöltumveldegmälmil kiltumteldegzül.

Pour les nombres inférieurs à 1, il faut utiliser ces mots, reconnaissables par l'utilisation du suffixe -im :

0,1 = dim
0,01 = zim
0,001 = mim
0,0001 = dimmim
0,00001 = zimmim
0,000001 = balyim

Pour lire ou écrire ces nombres, il faut les lire comme des nombres entiers, et rajouter un de ces mots, par exemple :

0,345
kiltumfoldeglul mim
0,123456
tumteldegkilmil foltumluldegmäl balyim

Les numéros ordinaux sont marqués par le suffixe -id ; Les fractions par le suffixe -dil ; La répétition ou la multiplication par -na.

Binos düp velid soara
Il est sept heure de l'après-midi
Foldils kil binons veldeglul zim
3/4 vaut 0,75
Ibinos visit folnaik ofa us
Ce fut sa quatrième visite ici
Folna fol binos degmäl
4 x 4 = 16

La petite modification qui a entrainé une chamboulement concerne les dizaines. En effet, pour dire "20", plutôt que de dire "teldeg", on se contentait de mettre la marque du pluriel (-s) à l'unité ; "20" se disait donc "tels", et on ajoutait un -e- pour faire la liaison, "41" se disait donc folsebal et non foldegbal. Le système fractionnel est aussi moderne.

Système verbal

Le système verbal du volapük est plutôt compliqué, et il a été dit que chaque verbe pouvait revêtir 500 000 formes. Cela est en effet théoriquement possible, mais dans la pratique cela n'arrive jamais<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref>. Mais cette anecdote prouve bien son extraordinaire richesse.

Voici un tableau résumant les différents affixes précisant aspect, mode, temps et personne du verbe volapük :

Voix Temps Radical Personne Mode
Active
∅-
Présent
∅-
(= verbe à l'infinitif
moins "-ön")
P1
-ob
Indicatif
-∅
Parfait
e-
P2
-ol
Imparfait
ä-
P3
-om (m), -of (f), -on (n)
Impératif
-öd
Plus-que-parfait
i-
P4
-obs
Optatif
-ös
Passive
p(a)-<ref>pa- pour le passif présent, p- + augment temporel, a- étant l'augment temporel du présent non-exprimé à la voix active.</ref>
Futur
o-
P5
-ols
Conditionnel
-öv
Futur parfait
u-
P6
-oms (m), -ofs (f), -ons (n)
Participe
-öl<ref>Le participe ne prend pas la marque de la personne.</ref>
Futur du passé
ö-
Impersonnel
-os
Subjonctif
--la<ref>Avec tiret pour le séparer du verbe.</ref>
Futur parfait du passé
ü-
Indeterminé
-oy

Voix

Les deux voix du volapük sont les deux voix classiques, l'actif et le passif. La voix active n'est caractérisée par aucune marque, tandis que la voix passive est caractérisée par l'ajout de la lettre p- avant l'augment temporel. Le présent n'a pas d'augment temporel exprimé à la voix active, mais il est exprimé à la voix passive, et on aura donc au présent passif un verbe précédé de pa-.

En volapük, le complément d'agent est fa.

Löfob moti obik
J'aime ma mère
Palöfob fa mot obik
Je suis aimé par ma mère

La voix moyenne n'existe pas en volapük a proprement parler. Les suffixes -ik et -ük peuvent cependant en jouer le rôle (cf. infra).

Temps

Le système temporel des verbes en volapük est très riche. Mais nous pouvons<ref>Après Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref> séparer les temps en deux catégories, le temps courants, et les temps rares.

Voici les temps courants :

  • Le présent, avec augment "a" (non-marqué avec les verbes à la voix active<ref>Mais marqué à la voix passive et avec les autres catégories grammaticales, comme adelo, aujourd'hui, formé du mot del, jour, avec augment temporel du présent.</ref>) ;
  • Le futur, avec augment "o" ;
  • L'imparfait, avec augment "ä" (utilisé pour parler du passé révolu) ;
  • Le parfait, avec augment "e" (utilisé pour parler du passé ayant un lien avec le présent).

Et voilà les temps plus rares :

  • Le futur parfait, marqué par l'augment "u" (utilisé pour parler d'un futur ayant déjà eu lieu<ref>Cf. la leçon 6 du cours Volapük vifik (consulté le 26/05/2015).</ref>) ;
  • Le plus-que-parfait, marqué par l'augment "i" (utilisé pour parler d'un passé plus lointain que l'imparfait<ref>Cf. la leçon 5 du cours Volapük vifik (consulté le 26/05/2015).</ref>) ;
  • Le futur du passé, marqué par l'augment "ö" (utilisé pour parler de ce que dans le passé, un personnage pensait être le futur, et qui a pu encore ne pas arriver et donc arriver encore : äkredom, das öreinos, il croyait qu'il allait pleuvoir<ref>Cf. la leçon 8 du cours Volapük vifik (consulté le 26/05/2015).</ref>) ;
  • Le futur parfait du passé, marqué par l'augment "ü" (utilisé pour parler de ce que dans le passé, un personnage pensait être le futur, et qui, si ça n'a pas eu lieu, ne peut plus avoir lieu : äcedob, das üfinükol bü mudel, je pensais que tu aurais fini — complètement — avant lundi<ref>Cf. la leçon 8 du cours Volapük vifik (consulté le 26/05/2015).</ref>).

Pour mieux comprendre les différents temps et leurs relations, il est possible de les insérer dans un tableau à double entrée<ref>Repris à : Brian Bishop, Malgranda gramatiko de Volapuko per Esperanto (PDF), p. 12.</ref> :

Imparfait
(nefinik)
Parfait
(finik)
Présent
(presenatim)
Présent
vokob
Parfait
evokob
Passé
(pasetatim)
Imparfait
ävokob
Plus-que-parfait
ivokob
Futur
(fütüratim)
Futur
ovokob
Futur parfait
uvokob
Futur du passé
(pasetofütüratim)
Futur du passé
övokob
Futur parfait du passé
üvokob

Personnes

Les personnes sont en fait marquées par la suffixation de la majorité des pronoms personnels. Seuls ok(s), od(s), or(s) et og(s) n'existent qu'à la forme pronominale.

Modes

Il existe 6 modes en volapük. Il s'agit de :

  • L'indicatif, non-marqué ;
  • L'impératif, marqué par le suffixe -öd ;
  • L'optatif, marqué par le suffixe -ös, est un impératif plus poli, moins "rude"<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref>, et peut être traduit en français par "veuillez (+ inf.)" : deükolös nami olik de küid obik = veuillez ôter votre main de ma cuisse ;
  • Le conditionnel, marqué par le suffixe -öv ;
  • Le subjonctif, marqué par l'ajout de la, qui est précédé d'un tiret et qui est utilisé "uniquement quand [le verbe] se réfère à quelque chose de ridicule, ou de si peu probable qu'il en devient inimaginable<ref>"The subjunctive is only used where something ridiculous or unimaginably unlikely is referred to." Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref>".
Vilol-la das ogivob ole dolaris lul! Drimol!
Tu veux que MOI, je te donne cinq dollars ! Tu rêves !

Tous ces modes nécessitent l'usage de la marque de la personne, contrairement aux participes et à l'infinitif.

Le participe, marqué par le préfixe -öl, s'utilise comme un adjectif. Il peut prendre le préfixe de temps et de voix. Comme tout adjectif, il est possible, par l'ajout d'un -o, de l'adverbialiser (gérondif)<ref>Exemples repris à Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref> (comme l'espéranto manĝante, ou le kotava etuson).

Ovisitob oli ün vig okömöl
Je te rendrai visite la semaine prochaine (litt. la semaine "viendrante", i.e. "venante" au futur)
Ägolölo ve süt, älogob fleni bäldik oba
Allant [ou, moins littéralement, "comme j'allais"] le long de la route, je vis un vieil ami à moi

L'infinitif, marqué par le suffixe -ön, est assimilable à un mode. Lorsque l'infinitif est inséré dans un syntagme signifiant "afin de", il faut utiliser la particule ad<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref> :

Fidobs ad lifön
Nous mangeons pour vivre

Autres marques

Pour former une question dans une phrase contenant un verbe, il faut ajouter la particule -li<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref>.

Äreidol-li gramati Volapüka?
As-tu lu la grammaire du volapük?

Comme en espéranto, le fait qu'un verbe soit transitif ou intransitif dépend de la racine. Mais, comme en espéranto toujours, il est possible de changer la transivité d'un verbe par l'utilisation de suffixes. -ik rends un verbe transitif intransitif, et -ük un verbe intransitif transitif<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref>. Ce suffixe s'insère avant les marques de la personne et du mode.

Seadom su stul Il est assis sur une chaise
Seadükom cili sui stul Il assoit l'enfant sur une chaise
Eperom moni okik Il a perdu sa monnaie
Mon omik eperikon Sa monnaie est perdue

Comme en espéranto toujours, il est possible d'utiliser -ik avec un verbe déjà intransitif ou -ük avec un verbe déjà transitif. Dans ce cas là, c'est une sorte de voix moyenne ou de causatif qui se met en place<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, e), (disponible en ligne).</ref> :

Äseadikom sui stul
Il s'assit sur la chaise
Man päperükom moni oki fa briet
L'homme a perdu sa monnaie à cause de l'ébriété
L'ébriété a causé à l'homme la perte de sa monnaie

Modifications apportées par de Jong

C'est peut-être dans le système verbal que de Jong a le plus modifié le volapük<ref>Cf. pour ce sous paragraphe : Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, III, e), (disponible en ligne).</ref>, en plus des modifications du système des pronoms personnels qui, puisqu'ils sont repris comme marqueurs de personne, modifient aussi le système verbal.

Il a supprimé un aspect, l'aoriste, qui était marqué par l'usage d'un -i- entre le marqueur de temps et la racine (olödob > oilödob) et un mode, le jussif, qui, marqué par le suffixe -öz, était plus fort encore que l'impératif. Auguste Kerckhoffs, à l'époque de Schleyer, avait pour sa part défendu la réduction des impératifs à une seule forme et était opposé à l'aoriste<ref>Auguste Kerckhoffs, Dictionnaire volapük-français et français-volapük précédé d'une grammaire complète de la langue, Paris : Le Soudier, 1887, p. 24 (disponible en ligne).</ref>.

Sans l'avoir supprimé réellement, de Jong a aussi modifié le subjonctif, qui était beaucoup plus utilisé auparavant. C'est peut-être<ref>L'hypothèse est d'Emanuelo, et mériterait d'être prouvée — ou infirmée — plus formellement.</ref> plus la raison pour laquelle le subjonctif est le seul mode séparé du verbe par un tiret. La plupart autres changements grammaticaux a consisté à supprimer ou ajouter des formes. Mais ici, il a modifié le sens du subjonctif ; pour bien différencier le subjonctif schleryien du subjonctif révisé, de Jong a peut-être décidé d'en modifier la graphie<ref>Il est intéressant de noter que Kerckhoffs souhaitait que chaque mode soit séparé du verbe par un tiret. Cf. Auguste Kerckhoffs, Dictionnaire volapük-français et français-volapük précédé d'une grammaire complète de la langue, Paris : Le Soudier, 1887, p. 24 (disponible en ligne).</ref>.

Enfin, il a aussi ajouté deux temps qui n'existaient pas, le futur du passé et le futur parfait du passé.

Article

Il n'existe normalement pas d'article en volapük, comme c'est le cas, par exemple, en kotava. Ainsi, pod peut signifier "pomme", "une pomme" ou "la pomme". Mais, pour décliner les mots non-déclinables, on peut utiliser l'article el<ref>Exemples tirés de Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, b), (disponible en ligne).</ref> :

Kanobs logön eli Sputnik me daleskop.
Nous pouvons voir le Spoutnik avec un télescope.

Ici, eli marque le fait que "Spoutnik" devrait être à l'accusatif. En plus des cas, on peut ajouter à el toutes sortes de préfixes et de suffixes (par exemple, si le nom propre est porté par un être de sexe féminin, on peut ajouter le préfixe ji-, pour donner jiel).

Cet usage de el n'existait pas en volapük classique<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, III, b), (disponible en ligne).</ref>, même si ce mot existait déjà du temps de Schleyer, comme le prouve cette citation de la grammaire de Kerckhoffs :

3. - M. Schleyer a proposé d'employer un article indéfini el, chaque fois que la clarté du style l'exige impérieusement, p. ex., le moi, el ob ou ob el<ref>Auguste Kerckhoffs, Dictionnaire volapük-français et français-volapük précédé d'une grammaire complète de la langue, Paris : Le Soudier, 1887, p. 15-16 (disponible en ligne).</ref>.

Prépositions, conjonctions et interjections

Il existe deux sortes de prépositions, de conjonctions et d'interjections. Celles qui le sont primitivement, et qu'aucun marqueur particulier ne précise ; et celles qui le sont par dérivation et qui sont marquées soit par (prépositions), soit par (conjonctions), soit par pour les interjections<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, h), (disponible en ligne).</ref>.

Nil Proximité Nilü Près de
Kod Cause Kodä Parce que
Seil Silence Seilö! Silence !

Formation des mots

Le volapük agglutine beaucoup les racines pour créer de nouveaux mots. Comme en espéranto, le mot le plus important vient en dernier.

Pokamon
Argent de poche
Monapok
Poche à argent

Si, la plupart du temps, c'est le génitif qui lie les racines (-a-), il est possible aussi de les lier avec l'accusatif (-i-) ou l'adverbe (-o-) entrainant des nuances de sens :

Motalöf Amour maternel Amour par une mère
Motilöf Amour à une mère
Motolöf Amour comme une mère

En plus de lier les racines entre elles, le volapük utilise beaucoup (mais beaucoup moins quau xixe siècle, tout simplement parce que le nombre de racines disponibles est plus grand<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, III, i), (disponible en ligne).</ref>) de préfixes, soit primitifs (be-, qui fait de l'objet le sujet, fi-, jusqu'à la fin, hi-, mâle, ji-, femelle, …), soit qu'ils soient des prépositions préfixées (ag, abondance, av, science, ov, possibilité, ül, petit des animaux, …)<ref>Ed Robertson, An Introduction to Volapük, 1994, II, i), (disponible en ligne).</ref>.

Bibliographie

NB : L'éditeur allemand Iltis a beaucoup publié de petits ouvrages, en allemand et en espéranto, sur le volapük et la vie de Schleyer. Nous n'en présentons ici qu'une selection, d'autant que l'histoire du mouvement n'est pas le centre d'intérêt premier d'Idéopédia, mais la langue elle-même. Pour voir leur collection, voir cette page.

Volapük classique

  • Haupenthal Reinhard, Über die Startbedingungen zweier Plansprachen. Schleyers Volapük (1879/80) und Zamenhofs Esperanto (1887), Bad Bellingen : Iltis, 2013 (ISBN 9783943341027).
  • Neves Gonçalo, Zamenhof kaj Volapük, Bad Bellingen : Iltis, 2012.
  • Kerckhoffs Auguste, Dictionnaire volapük-français et français-volapük précédé d'une grammaire complète de la langue, Paris : Le Soudier, 1887 (disponible en ligne).
  • Schleyer Martin, Volapük. Die Weltsprache. Entwurf einer Universalsprache für alle Gebildete der ganzen Erde, Sigmaringen : Tappen, 1880.
  • ——, Meine Biographie (1880), Saarbrücken : Iltis, 2008.

Volapük contemporain

  • Cherpillod André, Konciza gramatiko de Volapuko. Gramat brefik Volapüka, Courgenard : Chez l'auteur, 1995.
  • ——, Vortaro Volapük-Esperanto kaj Esperanto-Volapük. Vödabuk Volapük-Sperantapük e Sperantapük-Volapük, Courgenard : La Blanchetière, 2003.
  • de Jong Arie, Gramat Volapüka, Cathair na Mart : Evertype, 2012 (ISBN 978-1-904808-94-7), réimpression de l'édition de 1931, voir page sur le site de l'éditeur.
  • ——, Wörterbuch der Weltsprache für Deutschsprechende / Vödabuk Volapüka pro Deutänapükans, Cathair na Mart : Evertype, 2012 (ISBN 978-1-904808-89-3), réimpression de la sixième édition de 1931, voir page sur le site de l'éditeur.
  • Robertson Ed, "Arie de Jong's Revision of Volapük (1931)", in : Journal of Planned Languages 21 (1995), disponible en ligne.

Histoire du volapük

  • Unua Volapük-kongreso: Friedrichshafen, Aŭgusto 1884 / Der erste Volapük-Kongreß, Friedrichshafen, August 1884. Dokumentoj kaj komentoj / Dokumente und Kommentare, textes rassemblés par Reinhard Haupenthal, Saarbrücken : Iltis, 1984.
  • Caraco Jean-Claude, "Auguste Kerckhoffs (1835-1903) kaj lia rolo en la Volapük-movado", in : Menade bal püki bal. Festschrift zum 50. Geburtstag von Reinhard Haupenthal. Festlibro por la 50a naskiĝo de Reinhard Haupenthal, Saarbrücken : Iltis, 1998.
  • Haupenthal Reinhard, "Kion Kerckhoffs skribis al Schleyer", in : Dialogo 13/1 (1985), p. 19-20.
  • Schmidt Johann, Jenotem valemapüka „Volapük“, Amsterdam : Volapükagased, 1964 (paru pour la première fois dans la revue Volapükagased pro Nedänapükans en 1961-1962, texte disponible en ligne).
    • Traduction en allemand : Geschichte der Universalsprache Volapük, trad. du volapük par Reinhard Haupenthal, Saarbrücken : Iltis, 21998, disponible en ligne dans une autre mise en page d'Hermann Philipps.
    • Traduction en espéranto : Historio de la universala lingvo Volapuko, trad. du volapük par Philippe Combot, Courgenard : Chez André Cherpillod, 1996.
  • Thomann Robert, "Origino, starigo kaj hodiaŭa stato de la Volapüka Lingvo-Akademio", trad. du volapük par Tazio Carlevaro, in : Monata Cirkulero 121 (1980), p. 3-7.

Divers

  • Schmidt Johann, Volapük-Bibliographie, Saarbrücken : Iltis, 2008.
  • ——, Liste der Volapük-Verbände und Vereine, Saarbrücken : Iltis, 2005.

Le volapük sur les internets

Flenef bevünetik Volapüka

Autres informations encyclopédiques sur le volapük

Grammaire et cours

Histoire du mouvement

Pages en volapük

Autres

Notes et références

<references />