IDEO TAD Les registres de langue

De Ideopedia

Le registre archaïque, tatlgang ou tatlnuungang

Ce registre particulier est basé sur le tajaar archaïque des plus anciennes œuvres de la littérature tajaar. Il se caractérise par une décomposition des morphèmes plus grande, car la langue archaïque employait bien moins d’agglutinations. Ainsi, les verbes composés tels que singuun sont séparés en sin guundögön, et ceux construits à partir de suffixes locatifs tels que shugön sont décomposés en shug ön. Les classificateurs sont eux-aussi désolidarisés de leurs noms, et placé avant les adjectifs, comme dans, par exemple yin du khaal ngükh (qui serait en tajaar classique yin khaal dungükh)
Ce registre est employé dans un contexte bien particulier, et ne se rencontre que dans les œuvres effectivement archaïques et certaines productions de l’époque post-shaar recherchant une renaissance du monde tajaar antique. Il est bien plus fréquent en poésie ou dans les proverbes en revanche, mais s’y trouve le plus souvent mêlé à d’autres styles.
Malgré les apparences, les textes écrits en tatlgang ne sont pas de véritables productions en tajaar archaïque car elles méconnaissent plusieurs choses caractéristiques de cette langue, comme l’absence de règles de sandhi interne à la fin des mots.

Exemple :
Nyilsa tsuum yür ön min, dor jümü ölgön. Shiis süg yin, gunyu.
Les fleurs ne fleurissent qu'au printemps, hume-les. La jeunesse est une, goûte-la.
Analyse :

  • Nyilsa : "les fleurs" fait usage d'un pluriel archaïque irrégulier : -sa
  • tsuum : "fleurir", le verbe est volontairement déplacé de sa position ordinaire.
  • yür ön : terme archaïque pour "printemps" complété avec la postposition ön, "dans", "en"
  • min : "seul", le style archaïque, comme la véritable langue archaïque, ne fait pas usage d'une stratégie particulière pour former les adverbes.
  • dor : alors, commun au style archaïque et littéraire
  • jümü : hume ! à l'impératif. Le tajaar archaïque fait alors disparaître les pronoms.
  • ölgön : les à l'accusatif
  • Shiis süg : "le moment de la jeunesse"
  • yin : "est un", le style archaïque fait en effet souvent tomber la copule, qui aurait été ici wag.
  • gunyu : "apprécie" ou "goûte à" à l'impératif.

Le registre littéraire, chungang

Ce registre est un registre respectueux et se caractérise par l’usage du vocabulaire particulier, et l’usage de tournures recherchées. Il est archaïsant par certains aspects, car il préfère les verbes et noms monosyllabiques aux constructions dissyllabiques voire trisyllabiques plus tardives. On dira ainsi plutôt khül que khülaar. Certains radicaux, abandonnés par la langue vulgaire, sont enfin spécifiquement liés à ce registre.

Exemple :
Minsem yürön öltsuur nyil, dor gajümü ölgön. Ichwag yin shiisgyad, gagunyu.
Les fleurs ne fleurissent qu'au printemps, hume-les. La jeunesse est une, goûte-la.
Analyse :

  • Minsem : "seulement", "uniquement", formé avec le suffixe -sem
  • yürön : le mot "yür", archaïque est employé, mais cette fois-ci le -ön est suffixé
  • öltsuur : "elles fleurissent", le verbe est employé à sa position habituelle
  • nyil : en style littéraire, lorsque le nombre est déjà donné par la personne du verbe nyil et nyildö sont tout deux acceptables
  • dor : "alors" emprunté à la langue archaïque
  • gajümü ölgön : hume-les, mais avec cette fois la personne indiquée
  • Ichwag : "il est"
  • yin : un
  • shiisgyag : la jeunesse, avec le suffixe -gyag formant pour certains noms un nom désignant un moment.
  • gagunyu : goûte-la

Le registre populaire, jiingang

Ce registre s’inspire de la langue parlée des différentes régions de l’empire, bien que pour la production littéraire, le dialecte de Surjaal domine. Il se caractérise par une tendance à l’agglutination encore plus élevée, et apprécie particulièrement les constructions verbales à deux radicaux comme par exemple bachaag « frapper des paroles » pour « parler ».

Exemple :
Yinpün tsurmingön tsuur nyildö, gyo gadekhe ölgön. Sang yinyin tsashiisüg, gajengaara sügchürgön tsa !
Les fleurs ne fleurissent qu'au printemps, sent-les. Il n'y a qu'une seule jeunesse, apprécie ce moment là !
Analyse :

  • Yinpün : "seulement", "uniquement", formé avec le suffixe nombre un, yin et le suffixe instrumental -pün
  • tsurmingön : dans le moment du soleil, appellation populaire du printemps
  • tsuur : "fleurissent", le verbe est employé à sa position habituelle mais le pronom est supprimé
  • nyildö : "les fleurs"
  • gyo: "alors"
  • gadekhe ölgön : sent-les
  • Sang: "il existe", impersonnel
  • yinyin : une seule (le redoublement indique le "seul" en style populaire)
  • tsashiisüg: "jeunesse" avec le classificateur tsa-
  • gajengaara sügchür: profite de ce moment-là !, avec le verbe jengaar, "apprécier" constitué de jeng et du suffixe locatif -aar.
  • tsa ! : particule intraduisible, "hein ! " signifiant que le locuteur encourage l'auditeur à faire l'action.

Le registre honorifique wejgang

Ce registre est assez proche du registre littéraire. Il s'en distingue cependant en ce qu'il est employé en s'adressant à un supérieur. Dans ce registre, l'usage des pronoms de respect est imposé, tel que khen- ou khün-. Les verbes doivent être également emprunté au registre littéraire, et les noms de personnes, notamment celui de la personne à laquelle on s'adresse, suffixé avec un suffixe de respect, tel que -shün ou -kün.

Le registre de modestie, tsuubgang

Le registre de modestie est employé lorsqu’on parle de soi, ou en parlant d’un inférieur. Il n’en reste pas moins un registre haut, s’opposant à la langue vulgaire. Il emploie parfois des radicaux spécifiques, et souvent des constructions visant à atténuer l’effet du verbe, tel que le redoublement : jitsetsen pour « je commence ». Les constructions à deux radicaux sont également employés, mais pas avec les mêmes verbes que pour le registre populaire. Le sujet, lorsqu’il s’agit de la première personne, est souvent rabaissé par l’usage d’un classificateur péjoratif, tel que po- « bouche », indiquant que le locuteur se sent de trop, méprisable : Jinyaal, yin pongükh « je pense, pauvre pêcheur que je suis ». On peut également y ajouter un suffixe de modestie : Jinyaal yin pongükhkyem.

Le registre svakâram, sakaaramgang

Ce registre s’est développé avec l’introduction de la religion svakâram dans l’empire tajaar. En réalité, il correspond au style littéraire auquel le tajaar classique ajoute des emprunts au svakâramtra, mais modifiés par la prononciation tajaar. Ces derniers concernent le vocabulaire technique du culte et quelques titres. Le style dit « svakâram » n’est pas perçu comme tel par les pratiquants et écrivains tajaars appartenant à cette religion, qui le conçoivent plutôt comme du style littéraire, mais est dénoncé en tant que style « barbare » par les plus conservateurs. Il a d’ailleurs tendance à disparaître au profit de traductions plus poussées des termes svakâram en usant de radicaux tajaar.