IDEO SVL Verbes

De Ideopedia

Un verbe en sivélien se conjugue suivant l'emphase, le mode, le temps et la personne.
Un verbe a également une forme infinitive, en -lye /je/ ou -íe /ɥe/ (anciennement /ie/→/ye/→/ɥe/).

Emphase

(Note : l'utilisation de l'emphase est encore quelque chose de peu développé en sivélien.)

Lorsque le locuteur souhaite mettre l'emphase sur le procès exprimé dans une phrase, il pourra utiliser la conjugaison emphatique du verbe. Celle-ci existe pour tous les modes, temps et personnes (parallèlement à la conjugaison non-emphatique), mais entraînera une modification de la syntaxe importante. En effet, quand la conjugaison emphatique est utilisée, le verbe vient en premier dans la phrase, tout de suite suivi du sujet. Ainsi l'ordre ne sera plus OVS mais VSO !

Modes

Il existe six modes dont voici la description.

Indicatif

L’indicatif exprime un fait réel. C'est en principe le mode de la réalité, de l'énoncé d'un fait, tel qu'il se produit régulièrement (aspect itératif), tel qu'il est en train de se dérouler (progressif), tel qu'il s'est déroulé, de quel manière que ce soit (passé) ou tel qu'il est censé survenir dans un délai plus ou moins variable (futur). C’est de loin le mode le plus utilisé en sivélien.

  • Otse ika.
manger-IND.PL ils
Ils mangent.

Potentiel

Le potentiel permet d’exprimer une quasi-certitude, un fait dont on est sûr qu’il soit réalisé, mais dont on ne peut apporter la preuve, et ce d’après l’opinion du locuteur. Il traduit aussi l’apparence dans la plupart des cas.

  • Otsea ve.
manger-POT.SG ils
Il mange très probablement.

Ce mode a aussi le rôle de conditionnel ; il exprime un fait réalisé sous une certaine condition, un doute étant alors exprimé quant à la véracité du procès.

  • Ko ven é oérrésea sa.
arrêter-IND.SG tu si partir-POT.SG je
Si tu arrêtes, je pars.

Dubitatif

Le dubitatif a un rôle similaire au potentiel, mais laisse exprimer un doute plus fort.

  • Otma ve.
manger-DUB.SG il
Il mange peut-être.

Impératif-jussif

L’impératif-jussif exprime une obligation, un ordre ou encore une commande. Ce mode est parfois utilisé sans pronom (en fonction du contexte).

  • Oleíptes me.
attendre-IMJ.PL nous
Attendons.

Ce mode est appelé « impératif-jussif » en français car il est possible, à l’aide du suffixe -n à apposer au verbe conjugué, d’atténuer le propos (ce qui correspond alors plus ou moins au jussif).

  • Ín anaten.
ça.ACC donner-IMJ.SG-ATT
Donne ça s'il te plaît.

Hortatif

L’hortatif permet d’exprimer une proposition.

  • Neisra sa.
lire-HOR.SG je
Et si je lisais ? / Je pourrais lire.

Ce mode est aussi utilisé comme conditionnel, mais au contraire du potentiel, il exprime un procès qui n’a pas eu lieu ou n’aura jamais lieu.

  • Neisínra sa[/color]...
lire-ACC-HOR.SG je
Si j'avais lu...

Comme pour l’impératif-jussif, il est possible « d’atténuer » l’hortatif afin d’exprimer une possibilité, une liberté ou un droit, à l'aide du suffixe  -n.

  • Neisran sa...
lire-ACC-HOR.SG-ATT je
Je peux lire (j'en ai le droit).

Optatif

L'optatif permet d’exprimer une volonté, un souhait, un espoir, un désir.

  • Nuén otsei.
rien manger-OPT.SG
Puisses-tu ne rien manger.

Il est très souvent employé, aux premières personnes du singulier et du pluriel, pour exprimer une volonté.

  • Neissei sa.
manger-OPT.SG je
Je veux lire.

Temps

Il existe quatre temps, ou plutôt deux temps et deux aspects.

  • En ce qui concerne les temps, il y a le présent (décrit un fait présent) et l'imparfait]] (décrit un fait passé).
  • En ce qui concerne les aspects, il y a l'aspect inaccompli (décrit un fait sans précision sur son "état d'avancement", ou en cours) et l'aspect accompli (décrit un fait révolu).

Ce qui nous donne : le présent (inaccompli), le présent accompli, l'imparfait (inaccompli) et l'imparfait accompli.

Personnes

Bien qu'il existe des pronoms pour les 1e, 2e et 3e personnes du singulier et du pluriel, les verbes ne se conjuguent que sous une seule forme par nombre. Ainsi, on parlera de « personne du singulier » et « personne du pluriel ».
À noter qu'en sivélien, on dispose d'un troisième nombre, le nuel. Celui-ci appellera l'utilisation de la personne du singulier.

Mais la notion de personne est importante, car il existe en sivélien une « 4e personne », celle d'un sujet impersonnel ou inconnu. Elle possède des désinences propres, et a la particularité d'avoir la même forme au singulier et au pluriel (enfin, une forme au pluriel existe, mais est très rarement utilisée). En revanche, pour le nuel, elle possède une forme différente.

On peut donc considérer que l'on a quatre personnes en sivélien :

  • nuel/singulier (1e, 2e et 3e)
  • pluriel (1e, 2e et 3e)
  • 4e singulier/pluriel
  • 4e nuel

Schéma de conjugaison

Un verbe se conjugue selon le schéma suivant :

base verbale + désinence temporelle + désinence pronominale

L'information sur le mode et l'emphase est portée dans la désinence pronominale.
Rappel : la base verbale est l'infinitif du verbe dont la terminaison -lye/-íe a été retirée.

Désinences temporelles

Il existe quatre temps, donc quatre choix possibles.

Inaccompli Accompli
Présent - -(r)ín-
Imparfait (voir plus bas) -(r)íllan-

Si la base verbale se termine par deux consonnes, une voyelle intercalaire est ajoutée avant une désinence pronominale commençant par une consonne, et ce au présent inaccompli. Cette voyelle est déterminée par l’application de la règle de la répétition vocalique. Si la base verbale se termine par une voyelle, un -r- intercalaire est ajouté avant une désinence d’un temps accompli.

La formation de l’imparfait inaccompli suit ces règles :

- si l’infinitif premier du verbe se termine par -lye, la désinence de l’imparfait sera -lan- ;
- si l’infinitif premier du verbe se termine par -íe, alors :
  - base verbale en -n, -l ou -r : gémination et ajout de la désinence -an- ;
  - base verbale en -m, -p, ou -v : changement en -v- et ajout de la désinence -an- ;
  - base verbale en -k ou -h : ajout de la désinence -án- ;
  - autres cas : ajout de la désinence -lan-.

Désinences pronominales

Le tableau final ! À noter que la forme du nuel de la 4e personne se forme à partir de sa forme singulier/pluriel (présentée dans le tableau), en modifiant le -e final par un .

Attention ! Au présent inaccompli de l'indicatif, des modifications sur la base verbale peuvent avoir lieu :

- si la base verbale se termine par -m, -p ou -v, ces lettres se changent respectivement en -n, -t et -s ;
- les bases verbales en -ou, -o ou voient un -ly être rajouté.

De plus, ils existe des verbes ayant une base verbale irrégulière (deux pour le moment) :

- nisilye (« lire ») → neis-
- aíníe (« gagner ») → oin-
Nuel/Singulier Pluriel 4e personne
non-emphatique emphatique non-emphatique emphatique non-emphatique emphatique
Indicatif - -ét -se -seté -(i)nne -(i)mme
Potentiel -sea -seat -seas -seasté -seanne -seamme
Dubitatif -ma -míe -mas -míesté -minne -míemme
Imp.-jussif -te -teís -tes -teseó -tenne -temme
Hortatif -ra -rat -rás -ráté -ranne -ramme
Optatif -sei -seit -seis -seisté -seinne -seimme

Note : la désinence -inne/-imme de la 4e personne de l'indicatif devient -nne/-mme (nuel : -nní/-mmí) si la base verbale termine par une voyelle.

Conjugaison du verbe aívíe

La conjugaison du verbe aívíe (≈ « être », prononcé /ɛy̯vɥe/) est irrégulière à tous les modes, temps et personnes. C’est le seul verbe à posséder une forme négative, à ne pas avoir de forme à la 4e personne, mais aussi le seul verbe auquel les pronoms se suffixent sous une forme unique.

Dans ce dernier cas, sa conjugaison se fera à partir d’une base (indépendante du nombre), suivie d’un suffixe pronominal dont la liste est présentée dans le tableau suivant.

Pronom sen ven et ve lye páe mina sina vina ika sye
français je tu ça/il/elle il elle nous deux nous (inc.) nous (exc.) vous ils/elles se/soi
Suffixe -sen -ven -vet -ve -lye -spe -sme -sse -sve -sik -sye

La désinence -sen peut être remplacée, dans un contexte familier, par -sa.

Conjugaison à l'indicatif

Note : "AP" forme avec pronom (le suffixe pronominal – voir tableau ci-dessus – est ajouté), "Nl./Sg." forme du nuel/singulier, "Pl." forme de pluriel.

Attention ! Dans toutes les conjugaisons, le aí- initial est prononcé /ɛy̯/, et le auí- initial est prononcé /ʉy̯/.

AP Nl./Sg. Pl.
Présent Inaccompli Non-emphatique e- aás /ɛɑs/
Emphatique aí- aínn /ɛy̯n/ aán /ɛɑn/
Accompli Non-emphatique í- eís
Emphatique eí- eínn /ey̯n/ eísín
Imparfait Inaccompli Non-emphatique u- auí auís
Emphatique o- auínn /ʉy̯n/ auísín
Accompli Non-emphatique uví- eíví eívís
Emphatique uveí- eívínn /ey̯ʋyn/ eívísín

Conjugaison aux autres modes

La conjugaison de aívíe aux autres modes suit un schéma plutôt logique, où un préfixe indiquant le temps et un suffixe indiquant la personne sont apposés sur une base indiquant le mode.

Pour indiquer le temps et l'emphase, on utilisera les mêmes formes AP de la conjugaison à l'indicatif, auxquelles on ajoutera un affixe pour le mode et un suffixe pour la personne, présentés dans les tableaux ci-dessous.

Potentiel Dubitatif Imp.-jussif Hortatif Optatif
-vs- -m- -tt- -r- -s-


Avec pronom Nuel/Singulier Pluriel
-a- + suff. pron. -e -es

Un exemple avec ímaven, qui se décompose en í-m-a-ven, soit PRS.ACC.NE-DUB-AP-2sg : « tu as peut-être été ».

Forme négative de aívíe

La forme négative de aívíe se forme de manière assez simple à partir des conjugaisons présentées ci-dessus :

- pour la forme avec pronom, le -e- (ou -i-) des suffixes pronominaux est changé en -í- ;
- pour les autres formes, le suffixe -mí est ajouté.

Dérivations

Il est possible, à partir des verbes, de former d'autres catégories de mots

Substantivation

Le premier type de substantivation du verbe consiste à créer un [[IDEO_SVL_Noms|nom)) définissant l'idée portée par le verbe. Le résultat de cette transformation s'appelle la forme faible du verbe. Elle se forme de la façon suivante :

- verbes en -lye : ajout de -ko à la base verbale
- verbes en -íe : ajout de -oko à la base verbale
  • Ansoko earran sa.
Je voyais qu'il neigait (je voyais le fait de neiger).

Il est aussi possible de créer une catégorie de noms désignant une personne humaine qui effectue l'action ou subit l'état (suivant le verbe ; équivalent du participe présent substantivé, mais s'appliquant aux êtres humains seulement). Ces substantifs sont formés en ajoutant -et à la base verbale.

- raikkíe, "donner" > raikket, "criminel"
- téoníe, "être assis" > téonet, "la personne assise"

L'essif ne peut être utilisé sur les verbes substantivés.

Adjectivisation

Il est possible de créer des adjectifs à partir d’un verbe conjugué. Ceux-ci peuvent être vus comme étant l’équivalent des participes. Cependant, les adjectifs créés auront deux particularités : ils ne finissent pas par le phonème /ɞ/, et sont invariables.

Le participe actif se forme de la même façon qu’un verbe conjugué au singulier, avec en supplément l’addition de la désinence -an.

  • toníe, faire
  • tonan, faisant
  • tonínan, ayant fait

Le participe passif suit le même schéma de formation, où le verbe est conjugué à la 4e personne. La désinence finale est -n.

  • toninnen , fait
  • toníninnen, ayant été fait

Enfin, il faut souligner l’existence d’un participe actif prospectif, ou futur, réminiscence de l’aspect prospectif qui existait auparavant en sivélien. Il se forme de la même façon que le participe actif, la désinence étant -(h)ean, le -h- étant ajouté après une voyelle.

  • tonean, qui va faire, qui fera
  • tonínean, qui aura fait

Ce dernier participe est souvent utilisé pour porter l’accent sur la notion de futur, à l’aide d’une construction spéciale utilisant le verbe aívíe.

  • Ín tonean esen.
Je vais faire ça. (= Je suis le qui-va-faire ça.)

Les participes ne s’accordent jamais, mais, comme les adjectifs, peuvent être substantivés à l’aide du suffixe -it. Ce genre de nom est donc reconnaissable à sa terminaison en -nit.

  • tonanit, celui qui fait

Autres tournures verbales

Il existe en sivélien des tournures utilisant certains verbes et exprimant des temps ou des aspects supplémentaires.

íspílye er, l’aspect progressif

Le présent continu, équivalent du « en train de » français, peut être exprimé en sivélien à l’aide du verbe íspílye, « courir », et de la particule er. Cette forme n’est jamais utilisée pour décrire un contexte statique (avec un verbe d’état).

  • Er nisilye íspí sa.
Je suis en train de lire.

oleílye á, l’aspect factitif

La forme oleílye á, qui traduit l’aspect factitif (« faire faire »), ne s’utilise qu’avec des verbes intransitifs.

  • Á vemekíe oleírín ven.
Tu m’as fait tomber malade.

téríe á, l’aspect causatif permissif

L’aspect causatif permissif, lorsqu’une possibilité est laissée à l’agent de la phrase (« laisser faire »), est exprimé en sivélien à l’aide du verbe téríe et de la particule á.

  • Vuo á ervíe tér sa.
Je te laisse entrer.


Sivélien
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